L'armement du maquis

La résistance en Vercors s’est progressivement organisée en zone libre dès la signature de l’armistice le 20 juin 1940 avec l’Allemagne et le 24 juin avec l’Italie.

Pendant que des personnalités de Grenoble et de Villard-de-Lans, résistants et clandestins de la première heure, s’interrogent sur le « Que faire ? », Dalloz imagine une mission d’ordre stratégique pour le massif, c’est le Projet Montagnards et son annexe d’Alain Le Ray, précisant les modalités militaires d’exécution du projet en liaison avec un débarquement allié en Provence. Cette note prévoit l'intervention de 7 500 parachutistes alliés accueillis et orientés par 450 résistants « locaux ». Alain Le Ray estime que, pour les armer, 795 fusils mitrailleurs (FM), 795 mitraillettes, 6 350 pistolets et/ou mousquetons, 5 canons antichars et 15 mortiers sont nécessaires.

Dans le même temps, une organisation secrète militaire, le Camouflage du Matériel (CDM) tente de se soustraire aux inspections des commissions d’armistice de l’armement, notamment dans les environs de Grenoble grâce à Henry Delaye, chef d'escadron, qui commande le parc régional d'artillerie. En 1943, le Vercors dispose de 2,5 tonnes de dynamite.

Le 10 mai 1940, puis le 5 mars 1942, l’occupant interdit la détention d’armes sur l’ensemble du territoire.

Dès 1942, l’occupant instaure la Relève : cette loi prévoit l’envoi de trois techniciens français en Allemagne en échange de la libération d’un prisonnier français. Face à l’échec de la Relève, l’Allemagne impose, le 16 février 1943, le Service du Travail Obligatoire (STO) pour les classes de 1940, 1941 et 1942.

Les jeunes réfractaires au STO sont contraints de chercher refuge dans les zones montagneuses, dont le Vercors. Des camps sont organisés, les réfractaires, qui ne sont pas encore des combattants, sont soutenus, équipés et nourris par la population. La gouvernance naissante du massif désigne des chefs de camps, organise l’effectif des camps par trentaine, diffuse des ordres pour une militarisation progressive de l’organisation civile qui devient peu à peu civilo-militaire. Les premières armes sont de simples « bâtons ». Parfois un habitant du massif, ancien de la Guerre de 1914/1918, amène spontanément son arme et les « vieilles pétoires » sortent des greniers, ce qui constitue, dans les débuts, un armement très sommaire, loin des plans d'A. Le Ray. Dès lors se pose la question de la dotation en armes de ces jeunes gens qui deviennent des combattants pour libérer le massif avec en toile de fond le Projet Montagnards de Dalloz.

L’armement disparate de récupération est notoirement insuffisant en qualité et en puissance de feu. L’appel à l’aide auprès des alliés est urgent. L’organisation de parachutages nécessite la mise en œuvre de techniques compliquées. L’arrivée de Robert Bennes et de son équipe d’opérateurs-radio, reliés à Londres et Alger, règle en partie l’équipement des combattants en armes de petits calibres. Les unités manqueront cependant d’armes lourdes, en dépit des demandes réitérées de la gouvernance du Vercors, notamment lors des combats de Vassieux-en-Vercors. Le 14 juillet 1944, quelques semaines après l'ordre de mobilisation sur le terrain, environ 1 200 containers remplis d'armes légères et d’équipements divers étaient parachutés. La violence des combats engagés face à une armée régulière eut raison des carences en armes lourdes, malgré les canons de « 25 » récupérés au camp militaire des Chambarands en juin 1944.

Auteur(s): Guy Giraud et Julien Guillon

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Le dilemme des armes du maquis haut ▲

Dès lors que la Résistance éprouve la nécessité de dépasser sa genèse pour renforcer et diversifier ses réseaux clandestins, elle envisage des actions armées contre l’occupant, immédiates pour certaines, et en prévision des débarquements alliés sur le sol français, pour d’autres.

Le Service du Travail Obligatoire (STO) amène un afflux de réfractaires dans les zones-refuges du Vercors. Il en résulte l’obligation d’organiser et de structurer des camps pour les accueillir et les soutenir.

Pour dépasser cette organisation de base et envisager le combat, le dilemme de l’armement des maquisards s’est posé d’emblée. L’armement de récupération se révèle insuffisant. L’appel aux parachutages émis en direction de Londres et d’Alger porte ses fruits, notamment au printemps 1944. Il n’est cependant fourni que des armes légères.

Dans le même temps, les Allemands se structurent et renforcent leurs moyens d’action pour contrer la montée en puissance du Vercors. Lors des combats majeurs qui se sont déroulés sur le massif, surtout à Vassieux-en-Vercors, du 21 au 23 juillet 1944, les unités reçoivent l’ordre de rompre le contact et de se disperser pour reprendre le combat après le départ des Allemands, du fait qu’aucun armement lourd n’a été livré par les Alliés ou le BCRA.

Auteur(s) : Guy Giraud