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Le soutien des paysans haut ▲

Où se cacher pour quelqu’un qui veut échapper aux poursuites ou réquisitions de la police vichyssoise ou de l’occupant ? Certains trouvent des refuges temporaires dans les villes, mais le moyen le plus sûr est encore la campagne. La Drôme est un département rural et nombre d’habitants des villes et des bourgs sont issus des villages de la Drôme, de l’Ardèche, voire de l’Isère. Les parents agriculteurs sont nombreux et ceux qui veulent se cacher y trouvent souvent refuge. D’autant plus que le nombre de prisonniers retenus en Allemagne est important et que les fermes manquent de bras masculins pour assurer les travaux pénibles. Cette dissolution dans la nature s’amplifie surtout avec le refus des réquisitions pour le STO, après février 1943.

Les Préalpes drômoises se dépeuplent depuis la fin du 19e siècle. Les fermes ou bergeries abandonnées dans le Vercors, le Diois ou les Baronnies, sont nombreuses, un peu moins dans le nord du département. Elles vont souvent accueillir les camps où se regroupent les maquisards.

L’arrivée de ces jeunes individuellement ou collectivement, l’activité des groupes autour des hébergements, leurs exercices d’entraînement ne pouvaient passer inaperçus des habitants. Le silence était de rigueur. On ne peut généraliser cependant cette attitude à la totalité de la population des campagnes qui a connu, comme dans les autres couches, son pourcentage de collaborateurs et de mouchards. Certains paysans ont aussi pratiqué largement le marché noir profitant du désarroi de ceux qui ne produisait rien ou de ceux dont le revenu permettait de s’approvisionner à des prix prohibitifs. Cependant, sans la position majoritaire de mutisme ou de non-dénonciation, les Résistants n’auraient pu subsister longtemps.

Autre aspect, celui du ravitaillement nécessaire à la vie des compagnies dispersées. Les Résistants, par des coups de main, se procuraient des cartes d’alimentation ou de la nourriture. Cependant, nombre de paysans ont apporté leur contribution en fournissant des pommes de terre, légumes, œufs, viande. D’autres ont monnayé leur aide. Souvent les victuailles étaient échangées contre des « bons » remboursables après la Libération. Ont-ils tous été honorés alors ? Il fallait cependant être prudent pour échapper aux contrôles souvent tatillons des services officiels du ravitaillement. Sans cette aide passive ou active, la Résistance aurait eu des difficultés encore plus grandes pour s’implanter dans les campagnes drômoises.

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

Le camouflage d’armes et de matériels haut ▲

En Drôme, deux capitaines vont se partager la tâche de conduire, avant septembre 1940, le camouflage d’armes et des matériels : De Rougement, officier d'active, et Guyon, officier de réserve. Ils recrutent une équipe composée de « camoufleurs », de stockeurs et d'agents de renseignement. La mission des « camoufleurs » est de répertorier le matériel, le réparer éventuellement, et le lotir dans des caches discrètes chez les stockeurs. Parmi les « camoufleurs », outre l'adjudant-chef Charroin, on distingue : le capitaine Fabre, l'adjudant chef Chambrier, l'adjudant Fialaix, qui fera de nombreux transports de munitions et les frères Pontonnier. L'agent de renseignements principal est le capitaine Arnaud qui est à la préfecture.

On dissimule :
- à Condillac, chez le comte d'Andigné, des munitions d'infanterie ;
- au château de L'Isle, commune d'Allex, chez le commandant Girardon des mortiers de 60, un lance-grenade ainsi que des canons de rechange pour mitrailleuses ;
- à Chabeuil, chez Monsieur de Neyrieu des canons de 25 ;
- à Valence, chez Monsieur Romanet de l'Estrange ;
- à Etoile chez le docteur Planas, médecin ;
- dans la ferme de M. Gommit à Chabrillan, une moto, des mines d'infanterie et des munitions pour mortiers de 81 ;
- à la ferme du Plan de M. Orand à Menglon deux tracteurs d'artillerie semi-chenillés Unic, une automitrailleuse, des camions et des side-cars ;
- chez Monsieur Barral, de Crest et Monsieur Boch, de Romans acceptent des stocks ;
- dans les monastères d'Aiguebelle et de Roullier, de l'armement est caché ;
- à Clérieux, le plus important dépôt constitué de 230 tonnes d'armes et de munitions ;
- d'autres dépôts dans l'ancienne usine de billes à Cobonne, à Valence et à la cartoucherie de Bourg-lès-Valence.
Enfin, le commandant Dauriac, chef du centre de remonte de Bayanne, à Alixan, confie huit pur-sang magnifiques à Marcel Charrière afin que les Allemands ne puissent s'en emparer.

Auteur(s) : Pierre Balliot
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

L’aide aux prisonniers de guerre, aux aviateurs tombés haut ▲

La guerre-éclair et l'écrasante supériorité de l'armée allemande ont, en mai-juin 1940, disloqué une armée française lourde et mal commandée. Une grande partie de nos troupes est donc prise et conduite vers les Oflags (pour les officiers) et les Stalags (pour les sous-officiers et hommes de troupe). Au moment de l'armistice de juin 1940, il y a 1 800 000 prisonniers de guerre français.

D'après les renseignements fournis par les services de la Direction interdépartementale des anciens combattants de Lyon, le nombre total des prisonniers de guerre drômois en 1939-1940 est d'environ 4 300. Cette proportion par rapport à la population du département, moindre que pour les autres départements, s'expliquerait par le fait que de nombreux Drômois ont été mobilisés dans l'armée des Alpes et ont ainsi échappé au grand coup de filet de mai-juin 1940.

Le 16 novembre 1940, est créé le Service diplomatique des prisonniers de guerre, avec à sa tête Georges Scapini, ancien combattant de 1914-1918 et aveugle de guerre.
Objectifs : contrôler le traitement réservé aux prisonniers de guerre dans les camps et les convaincre des bienfaits de la politique du Maréchal. Dès 1940, Vichy négocie avec les nazis. En 1941, Vichy crée un Commissariat général aux prisonniers rapatriés et aux familles de prisonniers de guerre. Dans chaque département, une Maison du prisonnier est ouverte, surtout pour donner des renseignements aux familles. Leurs animateurs assurent l'envoi de colis, les colis Pétain, qui avaient été l'enjeu de négociations entre Vichy et les Allemands.
C'est même pour régler le problème des prisonniers que Pétain lance la politique de collaboration. Celle-ci se traduira, entre autres, par les marchés de dupes de la Relève, puis du STO, annoncés comme devant permettre la libération de prisonniers.

Les administrateurs locaux et les organismes maréchalistes organisent des œuvres charitables en faveur des prisonniers de guerre, qui sont autant d'occasions de propagande de faire valoir la politique du Maréchal. Mais l'accueil n'y est pas toujours favorable. Le 11 juin 1943, M. Masson, secrétaire général aux prisonniers, tient une réunion de propagande devant 150 personnes. Les prisonniers rapatriés du département font savoir qu'ils ne partagent pas ses vues et lui reprochent d'exploiter la qualité de prisonnier pour en faire un artifice de propagande.

La situation douloureuse des familles de prisonniers de guerre est exploitée habilement pour encourager la délation, à l'image des instructions données aux préfets par Laval le 9 juillet 1943 : "toute coopération apportée par la population à la capture des équipages [aviateurs ou parachutistes] sera récompensée. Les personnes qui se seront particulièrement signalées pourront obtenir la libération des prisonniers qu'elles désigneront".

Des prisonniers de guerre réussissent à s'évader et à rentrer au pays après un long et dangereux périple à travers l'Allemagne et la France occupée. Souvent, on les retrouve dans la Résistance.
Chapoutier, de Tain-l’Hermitage, se met tout de suite à la fabrication de faux formulaires pour l'envoi de colis aux prisonniers, puis de faux papiers pour les juifs, les évadés, les réfractaires au STO. Fin novembre 1942, on compte, parmi les 300 résistants armés, 60 prisonniers de guerre évadés, sous le commandement de Bénézech. À Hauterives, André Sédillot, prisonnier évadé, maréchal des logis d'Artillerie, participe en septembre 1943, avec Gérard Gateau et Paul Giraud, à la mise sur pieds d'un groupe de sédentaires et à l'organisation de leur instruction pour la connaissance de l'armement et le tir. En septembre 1943, deux membres de l'équipe des mousquetaires de Drouot (L’Hermine) sont des prisonniers libérés.

Auteur(s) : Jean Sauvageon et Robert Serre
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.