L’empreinte maternelle

Il y a des valeurs que l’on lègue, le patriotisme en est une. Serge Asher est né patriote. C’est un capital certain que sa mère entretient et développe par une éducation imprégnée de valeurs et de volonté. Il l’intègre avec force et intelligence. Sans aucun doute, le jeune Ravanel possède très tôt un potentiel d’action, les ressources nécessaires pour affronter les obstacles et les résistances qui se dresseront face à lui. En outre, la délicate situation familiale qu’il est contraint d’accepter, dès son plus jeune âge, contribue à un certain aguerrissement de la vie et vient renforcer le solide paquetage dont il doté.


His Mother's Influence

There are several characteristics that we pass on to our children, and patriotism is one of them. Because of his mother, Serge Ravanel was born a patriot. His mother, Pauline Schûck, instilled in him an education based on morals and ambition. Combined with a fine intelligence, the young Ravanel was clearly destined for something great. This potential as well as the resources he had gained from a difficult childhood gave him a sense of perseverance, and further strengthened all that his mother had cultivated within him.


Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s): Emmanuelle Benassi

Plan de l'expo

Crédits

Bibliographie

Une résistante tchèque immigrée à Paris haut ▲




« Ma mère était une femme étonnante.
(...) Je l’admirais, son destin m’impressionnait » (1).

Née en 1895, son père était le régisseur d’un domaine autrichien localisé sur des terres de Bohême. Très tôt animée par l’esprit patriotique, elle entre dans les rangs des mouvements d’indépendance » en s’engageant dans la Résistance tchèque qui s’investit pour libérer son pays de l’Empire Austro-hongrois. Elle n’hésite pas à cacher, dans le domaine familial, des hommes tels que Tomas Masaryk, futur président de la République tchécoslovaque.
Elle arrive en France en 1919, accompagnant une délégation venue à Paris pour proclamer l’indépendance de la Tchécoslovaquie, et décide de s’installer dans ce pays qui « incarne à ses yeux, la liberté, la révolution de 1789, la République, les Droits de l’homme » (2). Son comportement d’immigrée est pour son fils Serge « très digne d'intérêt : toute sa vie elle remercie la France de l’avoir reçue et s’est appliquée à en respecter les lois ». Pour Serge Ravanel, comme pour sa mère, il est naturel et juste de dire merci au pays qui les accueille. Nul doute, l’empreinte maternelle a profondément pénétré Serge Ravanel. Elle lui transmet un véritable capital patriotique fait de valeurs et de courage.

(1) Serge Ravanel interview par Alain Vincent le 18 novembre 2003. (2) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995.



A Czech Resistant arrives in Paris

«My mother was an amazing woman...I admired her, and her life is what influenced mine» (1).

Born in 1895, Pauline Shück's father owned an estate in Bohemia, Austria. As a young girl, Pauline joined the movement for Czech independence from the Austro-Hungarian Empire, compelled by her own sense of patriotism. In order to help the Resistance, she didn't hesitate to hide Resistants, like the future president of Czechoslovakia Tomas Masaryk, in her family's home despite the risk. Pauline arrived in France in 1919 with a Czech delegation seeking to proclaim their country's independence. Rather than return, she decided to stay in this country that « to her represented liberty, the revolution of 1789, the Republic, [and] human rights» (2). To her son Serge, her attitude as an immigrant was « very striking: all of her life she thanked France for welcoming her, and in return respected the country's laws always » (3). Like his mother, Serge too felt a debt to France. There is no question that his mother is the source of Serge's true courage and sense of pride for his country, and it would be difficult to imagine him becoming a great man without her.

(1) Serge Ravanel interviewed by Alain Vincent on November 18, 2003. (2) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Seuil publications, 1995.


Traduction : Catherine Lazerwitz





Auteur(s) : Emmanuelle Benassi (<i>author) </i>

Enfance et jeunesse de Serge Ravanel haut ▲




Serge Asher est né le 12 mai 1920 à Paris d’une union extra conjugale entre sa mère et le peintre tchèque Arnold Koblitz. Mais son patronyme est celui du mari de sa mère, François Asher : incorporé dans l’armée autrichienne, il est fait prisonnier dans un camp en Sibérie ; lorsqu’il retrouve la trace de sa femme à Paris, ils décident de se séparer.

Serge Ravanel passe les premières années de sa vie, seul avec sa mère, dont le caractère bien trempé, endurci par un parcours difficile, contribue activement à l’apprentissage de la vie de son fils. A l’âge de ses quatre ans, elle épouse un Suisse Charlie Weber : il « fut le père qui m’avait manqué » .
Durant cinq étés consécutifs, de 7 à 12 ans, Serge Asher est envoyé dans une colonie de vacances en Suisse dans le canton de Berne. « Seul petit Français au milieu d’une meute de gosses suisses-allemands dont il ne parle pas la langue », il garde de ces séjours un douloureux souvenir et sort endurci de cette difficile expérience dont il n’osera jamais parler. Pour la première fois il apprend « à vivre en milieu hostile » .

Adolescent, alors âgé de 15 ans, il est invité à séjourner à Weissenbach, en Autriche, chez un frère de sa mère. Il y découvre l’Autriche, apprend l’allemand et perçoit clairement et avec inquiétude la naissance du nationalisme et de l’antisémitisme du jeune parti nazi d’Hitler duquel l’Autriche souhaite se rapprocher et « redevenir ainsi une grande nation ». Ce séjour familial qui se renouvelle en 1935 et 1937 lui apporte une grande maturité dans sa réflexion et l’aide à consolider ses idées. « A cette époque une idée de morale en politique m’apparaît et il constate qu’au nom des intérêts de l’État, on bouleverse très facilement tous les principes éthiques » (1).

Sources : Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (1) Serge Ravanel interviewé par Yves Blondeau, le 9 juin 2006.




            Ravanel's Childhood and youth



Ravanel's Childhood Serge Asher was born May 12th, 1920 in Paris to his mother and the Czech painter, Arnold Koblitz, out of an extra-marital union. His last name is that of his mother's husband, Francois Asher, who while serving in the Austrian army was captured and sent to a camp in Siberia. When Asher did return to Paris, he and Ravanel's mother decided to separate.

Serge Ravanel spent the first years of his life living alone with his mother. Her strong character, cultivated by a difficult life, greatly influenced that of her son. When Ravanel was four, his mother remarried to a Swiss, Charlie Weber, who «became the father [Ravanel] never had.»
For five consecutive summers, from the age of seven to twelve, Serge Asher was sent to a camp in Bernes, Switzerland. «The only French boy surrounded by German speakers, Ravanel didn't speak the language» and he would always remember the summers unhappily, not ever having dared to speak to anyone. For the first time he learned what it was like to «live in a hostile environment.»

At fifteen, he was invited to vacation with his uncle in Weissenbach, Austria. While there, he learned German and witnessed the beginnings of what would become pillars of the Nazi party: nationalism and anti-semitism, ideals popular in Austria who wanted to rejoin Germany in order to «once again become a great nation.» He would return to Weissenbach on vacation again in 1935 and 1937, and these visits helped to develop his already mature ideals. Ravanel said himself: «At that time, I understood that morals and politics taken in the name of the State can easily overturn one's own principles and ethics» (1).

Source: Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Seuil publications, 1995. (1) Serge Ravanel interviewed by Yves Blondeau, June 9, 2006.

Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi

Les accords de Munich, un « drame » pour Ravanel haut ▲




En septembre 1938, « l’épisode de Munich » qui scelle la mort de la Tchécoslovaquie comme Etat indépendant est « très mal vécu » par Serge Ravanel. Il considère que c’est un véritable « lynchage d’un de nos alliés que l’on abandonnait aux Allemands, une trahison dont la France devait avoir honte... Cela m’a beaucoup marqué, j’ai trouvé que c’était une opération indigne, contraire à toute morale politique. » (1) Son sens de l’honneur et son patriotisme s’expriment largement à cette occasion. Un sentiment de révolte, à l’égard des démocraties françaises et britanniques, l’envahit. La précipitation de ces événements préoccupe voire déstabilise le jeune homme. Curieux et d’une « intelligence en constante alerte » (2), il cherche à comprendre pourquoi « les hommes politiques français parlaient d’Hitler comme s’il était un homme comme les autres. Ils avaient cette incapacité de comprendre [ou bien simplement] ils ne voulaient pas voir ce qui se passait à nos portes » (3).
Le 15 mars 1939, Ravanel apprend avec angoisse et désolation l’invasion de la Tchécoslovaquie, son pays d’origine. Il ne cache pas la déception qu’il éprouve à l’égard de la France : « derrière l’abandon de la Tchécoslovaquie, il vit un abandon des valeurs qui fondaient la République ».

Sources : (1) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (2) Discours de Raymond Aubrac prononcé en l’honneur de Serge Ravanel à l’Hôtel national des Invalides, le 5 mai 2009. (3) Serge Ravanel, interview d’Yves Blondeau, le 9 juin 2006.




The annexation of Austria in the Munich Accords : a ''tragedy'' for Ravanel


The Munich Agreement, a «shock» for Ravanel In September 1938, the «Munich episode» that sealed the Czechoslovakian's fate was «a terrible experience» for Serge Ravanel. He considered it a «total divorce with our allies who we handed over to the Germans, and a betrayal that France should be ashamed of...it deeply troubled me, I found it reprehensible and completely against France's politics and standards» (1). He found his sense of honor and patriotism in response to the injustice, but also a fierce desire to fight against the policies of both French and British democracy. The motives and consequences of the decision made at Munich occupied Ravanel's thoughts. Curious and equipped with a «unrelenting intelligence» (2), he wanted to understand why «the French politicians spoke of Hitler as if he were like other men; as if anyone could understand Hitler and his motives, or more cynically, they didn't want to see what was in store»(3).

March 15th, Ravanel learned the grave and terrible news: his home of Czechoslovakia had been invaded. He did not mince his words when speaking of his feelings towards France and their politics: «When France abandoned Czechoslovakia, they also abandoned the principles of the Republic. »


Source: (1) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Seuil publications, 1995. (2) Speech delivered by Raymond Aubrac in tribute to  Serge Ravanel, at the Hôtel national des Invalides, May 5, 2009. (3) Serge Ravanel, interviewed by Yves Blondeau, June 9, 2006.

Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi

Ecole Polytechnique (1938-1939) haut ▲




Très combatif il prend vite conscience des difficultés matérielles de sa mère et se donne tous les moyens pour « lui causer le moins de tracas » possible et parfaire sa scolarité. Il reçoit une solide éducation, stricte mais complète : le sport et la musique viennent parfaire et équilibrer son instruction livresque et intellectuelle.
Élève au lycée Louis le Grand, il poursuit ses études et prépare le concours d’entrée à l’école Polytechnique. Il refuse de se soumettre au programme de son professeur car « son tempérament ne lui permet pas de faire du bachotage » (1). Il prépare son concours seul avec un planning de révision discipliné et sportif. En juin 1939, Serge Ravanel est admis avec succès à l’école Polytechnique qu’il intègre au mois de septembre, au moment où la guerre éclate. 

Sources : (1) Serge Ravanel interviewé par Alain Vincent, le 18 novembre 2003.





When Ravanel realized the financial difficulties his mother was having, he did everything he could to «cause the least amount of trouble» and to excel in school. He received an excellent education that included sports and music study for balance. He went to Louis le Grand for high school, and then planned to apply for École Polytechnique. However, he refused to follow his professor's syllabus because «Ravanel could not stand to only study for the entry exam» (1). Instead, he prepared on his own by combining his revision with time for sports. In June of 1939, Serge Ravanel was admitted to École Polytechnique where he began in September, the same month that war was declared.

Source:  (1) Serge Ravanel interviewed by Alain Vincent, November 18, 2003.


Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi