"Somme"

Dans le département de la Somme, les liens avec la franc-maçonnerie forment une composante supplémentaire. Dès août 1940, l'un des premiers groupes se constitue autour de Léon Gonthier, Vénérable de la loge Picardie et chef de bureau à la Préfecture de la Somme. On y trouve Léon Tellier, chef de section chemin de fer ; Joseph Garrou, économe au lycée d'Amiens ; Orlue, Flet et Cogneau, instituteurs ; Denant, ingénieur ; Pannetier, industriel ; Le Parquier, fonctionnaire de l'Enregistrement ; Derobertmazure, employé à la Direction départementale de la Main d'Oeuvre, qui se rencontrent régulièrement dans des cafés d'Amiens. Ils sont, de plus, en contact avec le réseau franc-maçon Patriam Recuperare par l'intermédiaire de Lamorlette, inspecteur d'Académie. Un autre groupe formé de syndicalistes se crée autour de Louis Saillant, secrétaire du Syndicat du Bâtiment d'Amiens et délégué régional des industries du bois. Au même moment, Léon Sellier, ancien trésorier de la fédération SFIO de la Somme, tente de regrouper quelques adhérents pour reformer, dans la clandestinité, les sections socialistes du département. C'est la convergence de ces trois groupes qui donne naissance au Mouvement Libération-Nord dans le Somme. Dès 1940, des socialistes d'Abbeville, sous la direction d'Alfred Somont, organisent des chaînes d'évasion pour les prisonniers de guerre français ou britanniques. En novembre, ils étendent leur action à la distribution de tracts, de journaux (comme Le Populaire ou Libération), et de photos du général de Gaulle. Dès la fin de 1942, les responsables locaux tentent de multiplier les contacts avec les autres mouvements, tant sur le plan départemental que sur une grande partie du nord de la France dans le but de favoriser la coordination de toutes les organisations clandestines. Léon Tellier se met donc en relation avec des réseaux comme Brutus, Jeune France ou Zéro France puis avec les mouvements Résistance en Picardie, Charles de Gaulle, OCM et ORA. En 1943, le Front National est à son tour contacté. C'est à la suite de l'une des premières réunions que Louis Sellier est arrêté. Il est alors remplacé par Joseph Garrou (dit "Dossau") au poste de responsable civil de Libé-Nord pendant que Léon Tellier (alias "Casimir Perrier"), responsable militaire, assure, avec son fils, la liaison avec Paris. A la fin de 1943, le mouvement s'étend à quasiment la totalité du département. Outre Amiens et Abbeville,on trouve de nombreux résistants de Libé-Nord à Beaucamps-le-Vieux, Corbie, Ailly-sur-Noye, Albert, Ham et Péronne. Organisés militairement, ces résistants cumulent plusieurs types d'action : le sabotage, le transport d'armes, l'établissement de liaisons radio avec l'Angleterre. Peu avant la Libération, les effectifs de Libé-Nord sont estimés à 1 600 hommes.

Source(s) :

Philippe Pauchet, « Libération-Nord », in CD-ROM La Résistance dans la Somme, AERI (à paraître).

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