"Naissance des Mouvements Unis de Résistance (MUR)"

Les Mouvements Unis de Résistance (MUR)* résultent de la fusion, décidée le 26 janvier 1943, des trois grands mouvements de résistance non communiste de zone Sud : Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur.

Si la presse clandestine de chaque mouvement garde sa totale indépendance, tous les services propres à chaque mouvement doivent se fondre dans une organisation unique, mise en place durant l'été 1943.
Les trois premiers grands chefs des MUR sont Henri Frenay de Combat, Emmanuel d'Astier de la Vigerie de Libération-Sud et Jean-Pierre Lévy pour Franc-Tireur. Les MUR sont coiffés d'un Comité directeur, dont Jean Moulin a la responsabilité.

A cette époque, le mouvement Combat étant d'assez loin le plus perfectionné de tous (il disposait notamment d'un service de renseignement, d'un service de propagande, d'un service maquis et d'un service des affaires extérieures), c'est sur lui qu'ont été essentiellement calqués les services revisités des MUR. ;">Aussi, les nouveaux services des MUR reprennent-ils l'essentiel de l'appareil existant de Combat : son service social, initialement créé en réaction aux premières arrestations par Berty Albrecht et Yvette Baumann, son service de "groupes francs", initialement formés et encadrés par Jacques Renouvin pour exécuter missions punitives et sabotages, son service de Noyautage des Administrations Publiques (NAP), créé à l'origine par Claude Bourdet, ou encore l'Action Ouvrière, constituée par Marcel Degliame dans le but de lutter contre la relève et d'organiser le sabotage de la production dans les usines.

Libération-Sud apporte son savoir-faire propre en matière de fabrication de faux papiers, fort de son service des faux papiers créé en 1942 par Pierre Kaan, et qui, avec sa fusion dans les MUR deviendra le Service national de l'identité et des faux papiers. Le mouvement met aussi à disposition des MUR sa connaissance des réseaux syndicalistes et des milieux socialistes, importante source de recrutement de résistants.

Quant au mouvement Franc-Tireur, il accepte la mise en commun de ses propres groupes francs et de son réseau de recrutement principalement dans les milieux universitaires.

L'une des premières manifestations de l'unification passe par la fusion des éléments paramilitaires de chacun des mouvements pour donner naissance à l'Armée Secrète (AS). Cette nouvelle entité, voulue par de Gaulle dans un souci d'efficacité et de ralliement à son commandement, eut à sa tête, à compter d'octobre 1942, le général Charles Delestraint, nommé par ses soins. Il convient bien entendu de la distinguer de l'armée secrète créée par le mouvement Combat qui, cependant, a versé le plus grand nombre d'hommes.

Quelques mois après la création officielle du comité directeur des MUR, le départ de ces chefs historiques pour Londres et Alger (Frenay et d'Astier) ou leur arrestation (Lévy) laisse la place à une deuxième génération de chefs : Claude Bourdet, Pascal Copeau et Marcel Degliame. Dans chacune des six régions de zone Sud, sont mis en place des  "directoires de région", composés d'un chef unique, assisté d'un représentant des deux autres mouvements. Dans les départements, le chef départemental des MUR joue lui aussi un rôle déterminant.

Tandis que les relations avec les envoyés de la France libre étaient très tendues à la fin de la présidence de Jean Moulin, et notamment avec le Général Delestraint, chef de l'Armée secrète (AS) qui cherchait coûte que coûte à s'émanciper des MUR, la deuxième génération des chefs de mouvements exerce une direction collégiale et un contrôle direct de l'AS qui met fin à ces tensions, dès juin 1943. Parallèlement, l'affaiblissement considérable de la Délégation générale de la France libre à l'été 1943 permet aux MUR, soutenus par les mouvements de zone Nord, de reprendre la présidence du Conseil National de la Résistance (CNR) et le commandement des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI). Apparaît alors une troisième génération avec des hommes tels Jacques Bingen, Claude Bouchinet-Serreulles ou Francis Closon, qui tiennent compte des exigences portées par la lutte clandestine.


En décembre 1943, les MUR se transforment en Mouvement de Libération Nationale (MLN) en fusionnant avec trois mouvements de zone Nord : Défense de la France, Résistance et Lorraine. Le refus des autres mouvements de la zone de participer à une grande Union nationale de la Résistance française réduit cependant à néant les espoirs de constituer un grand parti de la Résistance.

L'histoire des MUR est traversée par toutes les controverses, défis et questions clés ayant traversé la Résistance française : relations avec la France libre ; débat sur l'attentisme ou l'action immédiate ; relations avec les communistes ; position envers les partis politiques de la IIIe République et, enfin, relations entre organisations centrales et militants et responsables locaux.

 

 

* Originellement, les MUR étaient appelés MRU (Mouvements de Résistance Unis). Aujourd'hui, c'est le terme de "MUR" qui est communément usité.



Auteur(s) : Paulina Brault
Source(s) :

D'après John Sweets, "Mouvements Unis de Résistance", in Dictionnaire historique de la Résistance, sous la direction de François Marcot, Robert Laffont, 2006.

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