"La libération du Sud-Ouest et du Massif Central par les FFI"

La percée alliée en Bretagne puis le débarquement de Provence contraignent le haut commandement allemand à ordonner le 17 août 1944 l'évacuation de ses troupes du sud de la Loire, à l'exception de garnisons maintenues autour des principaux ports atlantiques, érigés en "forteresses". Entre Pyrénées, Loire et Rhône, quelques 100 000 combattants, personnels allemands et supplétifs, entament une retraite vers la Bourgogne, oppossés aux FFI renforcés d'équipes alliées.

Sur les versants est et sud du Massif Central, la retraite est menée assez rapidement en direction de la vallée du Rhône. Toulouse est évacuée le 19, Montpellier le 22, Clermont-Ferrand le 25. A l'Ouest et en Aquitaine, le mouvement ne s'enclenche que tardivement, le 28 août, et va s'étaler sur une quinzaine de jours le long d'un axe menant de Bordeaux (départ négocié le 29 août) à Autun, par Angoulême (évacuée le 1er septembre), Poitiers (5 septembre) et Chateauroux (10 septembre), sous une pression croissante des FFI.

Face à un adversaire évacuant le terrain à son rythme, l'efficacité des FFI se mesure en termes de destructions évitées (telles les installations portuaires bordelaises) et de pertes infligées. Si les FFI n'étaient pas à même de capturer les concentrations adverses opérées au sein des principales villes étapes de la retraite, la moisson n'a pas été vaine aux dépens des garnisons situées à l'écart des grands axes routiers : Limoges (le 21 août), Estivareille, Castres, Auch, Lourdes, Mazamet....De même, le départ allemand tardif à l'Ouest permet une action convergente des FFI du Centre et de l'Auvergne arrêtant la colonne Elster (18 500 hommes) sur la Loire et l'Allier, puis la contraignent à la reddition le 10 septembre.

Le départ des Allemands et l'absence de troupes alliées créent un vide inédit au sud de la Loire. Si les commissaires de la République s'installent dès la Libération, le GPRF n'envoie des représentants militaires au sein de ces régions qu'au bout de 10 à 20 jours, laissant les cadres régionaux FFI s'installer à la tête des nouvelles régions militaires, situation que le GPRF validera ensuite par défaut. Au demeurant, il y a lieu de canalier les unités FFI, tâche à laquelle s'attellent des cadres FFI ou des envoyés gouvernementaux. A Bordeaux puis Cognac, le colonel FFI Adeleine coordonne la convergence de près de 25 000 FFI vers les poches allemandes de la Gironde et de La Rochelle, jetant les bases de huit mois de siège. A Toulouse, le général Chevance-Bertin, arrivé dAlger, organise un groupement mobile du Sud-Ouest qui, rejoint par des formations d'Auvergne et du Limousin, remonte vers le Nord à la rencontre de l'armée B (1ère Armée) et concourt au verrouillage des routes de retraite à Autun. Sur fond de désaccords quant au devenir des FFI au sein de l'Armée B, ce groupement va toutefois se désagréger durant l'automne.

Auteur(s) : Stéphane Weiss
Source(s) :

In La Lettre de la Fondation de la Résistance, numéro spécial CNRD 2013-2014

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