Les débuts de la lutte clandestine

En septembre 1939, le gouvernement Daladier interdit, du fait du pacte germano-soviétique, le Parti communiste ainsi que les associations et organes qui lui sont affiliés parmi lesquelles la section juive de la main d'œuvre immigrée (MOI). Lorsque commence l’Occupation en juin 1940, ses militants ont déjà acquis une certaine expérience en matière de clandestinité, notamment au sein des organisations de jeunes ou des sections de la Main d’œuvre immigrée (MOI). A partir de l’été 1940, de nouvelles structures sont créées, telles que l’organisation Solidarité, destinées non seulement à venir en aide aux militants et à leurs familles mais également à permettre un maintien de leurs activités illégales. Entre 1940 et 1942, plusieurs associations et mouvements juifs développent des actions clandestines ou semi-clandestines : le Bund qui mène alors une résistance sociale et civile ; les Éclaireurs israélites de France qui mettent en place une organisation clandestine sous couvert de l’Union générale des israélites de France (UGIF). A Toulouse, c’est un groupe de sionistes mené par David Knout qui créé une organisation, La Main Forte, qui donnera naissance en 1942 à l’Armée juive.

Auteur(s): Fabrice Bourrée

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Bibliographie

La section juive de la MOI haut ▲

Née de la volonté du PCF de créer des sections réunissant les travailleurs immigrés en France, la Main d’œuvre immigrée (MOI) voit le jour en 1932. Parmi ses sections, le secteur juif se compose des juifs français, juifs immigrés naturalisés et juifs étrangers essentiellement originaires d’Europe centrale (Pologne Hongrie, Roumanie) et installés en région parisienne. Après la défaite, tous sont victimes des persécutions antisémites et des organisations émergent pour assurer leur protection : "Solidarité" dès 1940 et le Mouvement national contre le racisme (MNCR) en 1942, l’Union des Juifs pour la résistance et l’entraide (UJRE) créée en 1943 tout comme l’Union de la jeunesse juive (UJJ). La section juive s’oriente aussi vers les activités de propagande à travers la publication de tracts et journaux clandestins. La direction de la section juive de la MOI clandestine comprend notamment Louis Gronowski, rédacteur en chef du quotidien Naïe Presse depuis 1934 et membre de la direction centrale de la MOI depuis 1938, Jankel Unglik dit Jacques Kaminski, ou encore Szloma Goldziuk dit Edouard Kovalsky.

Auteur(s) : Guillaume Pollack

"Solidarité" haut ▲

"Solidarité" est le nom sous lequel se reconstituent dans la clandestinité à partir de l’été 1940 les associations d’entraide développées avant la guerre dans le cadre de la section juive de la Main d’œuvre immigrée qui avait été interdite, comme l’ensemble des organisations liées au Parti communiste, à la suite du décret du 26 septembre 1939 adopté par le gouvernement Daladier. Derrière des activités semi-légales d’entraide à l’égard des familles juives les plus nécessiteuses et les plus touchées par la guerre, "Solidarité" permet également de maintenir des activités militantes (diffusions de tracts et de journaux clandestins) et de continuer à diffuser la propagande communiste au sein de la communauté juive. L’organisation sert de vivier aux différentes institutions qui se développeront à partir de 1942 pour intensifier la lutte armée contre l’occupant et développer des réseaux de sauvetage des juifs persécutés.

Auteur(s) : Fabrice Grenard

Les Jeunesses communistes haut ▲

Les Jeunesses communistes et les différentes associations sociales, culturelles et sportives qui leur sont liées constituent une véritable famille pour les jeunes immigrés juifs arrivés en France avec leurs parents au cours de l’entre-deux-guerres et favorables à la cause communiste , favorisant l’entraide, la camaraderie mais aussi l’intégration à la société française. Alors que les JC sont interdites en septembre 1939, comme l’ensemble des organisations communistes, par le gouvernement Daladier, beaucoup de jeunes juifs restent fidèles à l’institution qui se reconstitue dans la clandestinité au début de la guerre et de l’Occupation. Mobilisées pour développer les premières actions de propagande menées en 1940 (diffusions de tracts et de journaux clandestins), les JC servent également de vivier à partir de l’été 1941 pour la constitution des premiers groupes de combats par le Parti communiste avec la création des Bataillons de la Jeunesse puis des FTP.

Auteur(s) : Fabrice Grenard

La Main forte, préfiguration de l’Armée Juive (Toulouse) haut ▲

Au lendemain de la défaite, une organisation clandestine sioniste voit le jour à Toulouse sous l'impulsion du poète d’origine russe David Knout, de son épouse Ariane et d'Abraham Polonski ; elle prend pour appellation La Main Forte. Son objectif principal est la création d'un État juif en Palestine. Elle rassemble quelques recrues autour d'un cercle d'études juives animé par Arnold Mandel et Paul Roitman. Affaiblie par le départ de David Knout en Suisse en 1942, la Main Forte se transforme en une organisation de lutte armée, l’Armée juive.

Auteur(s) : Fabrice Bourrée

Les débuts de la résistance bundiste haut ▲

Fondé à Vilnius en 1897, le Bund (Algemeyner yidisher arbeter-bund in Lite, Poyln un Rusland, Union générale ouvrière juive en Lituanie, Pologne et Russie) est un parti socialiste juif prônant la vie juive et le développement de la culture yiddish en diaspora. Pendant plusieurs décennies, des bundistes en migration poursuivent des activités politiques, sociales et culturelles inspirées de leur expérience en Europe orientale. C’est notamment le cas en France et en particulier à Paris, où leur mouvement rassemble plus de six cent membres à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Pour les bundistes en France sous l’Occupation, résister signifie bien plus que prendre les armes pour vaincre l’ennemi nazi et ses collaborateurs. Il s’agit avant tout, dès les premiers jours de l’Occupation, de contrer leur politique antisémite et antirépublicaine en assistant la population juive immigrée proche de sa mouvance socialiste. A l’instar d’autres associations et mouvements juifs en France, le Bund développe ainsi tout un ensemble d’actions clandestines ou semi-clandestines afin de soutenir, informer et secourir les Juifs, qui se trouvent dès 1940 ciblés par les premières lois antisémites du gouvernement de Vichy. A partir des premières rafles du printemps 1941 et encore davantage de celle du Vel’ d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942 (au cours de laquelle sont pour la première fois arrêtés des femmes et des enfants), il s’agit ensuite de sauver les Juifs de l’arrestation, de la déportation et de la mort. Cette activité clandestine non violente ayant pour objectif de sauver des vies est une des formes, de nature sociale, prise par la "résistance civile" des Juifs sous l’Occupation. La lutte armée qui commence à se mettre en place à partir en 1943 dans la région lyonnaise au sein de la jeunesse bundiste n’est donc qu’une des manifestations de la résistance multiforme, y compris politique, que le Bund a développé précocement en France.

Auteur(s) : Constance Pâris de Bollardière

Les Éclaireurs israélites de France et la Sixième haut ▲

Comptant 2500 membres à la veille de la Seconde Guerre mondiale, les Éclaireurs israélites de France (EIF), fondés et dirigés par Robert Gamzon, constituent le plus important mouvement de jeunesse juive en France. Malgré le déclenchement de la guerre, les EIF poursuivent leurs activités, mettant notamment en place des maisons d’enfants. Après l’interdiction du scoutisme par les Allemands en zone occupée puis la dissolution des EIF ordonnée par le Commissaire général aux Questions juives en novembre 1941, des structures clandestines se mettent en place sous couvert de leur intégration au sein de l’Union Générale des Israélites de France. A partir de 1942, le Service social des Jeunes va servir de couverture à l’organisation clandestine que créent les EIF : la Sixième. Cette organisation clandestine, dirigée par Henri Wahl et Ninon Weyl-Haït en zone Sud et Simon Lévitte et Emmanuel Lefschetz en zone Nord, se charge essentiellement de la confection de fausses identités, de la recherche de planques pour les jeunes et, parfois, leur passage clandestin en Suisse ou en Espagne. Au-delà de cet aspect, la Sixième participe également à la résistance « nationale » en apportant son soutien à plusieurs organisations de résistance comme Combat, les MUR ou Victoire à qui elle fournit notamment des faux papiers. Elle partage même un laboratoire commun de fabrication de faux papiers avec le Mouvement de libération nationale (MLN).

Auteur(s) : Mathias Orjekh