Les mouvements de Résistance

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Liberté haut ▲

Le mouvement Liberté, fondé par les démocrates-chrétiens Pierre-Henri Teitgen et François de Menthon, est représentatif de la composante de la Résistance que Denis Peschanski qualifie de « vichysto-résistants ». Les résistants, s'ils se définissent d'emblée par le rejet de la défaite et la soumission à l'Allemagne, ne rompent pas toujours parallèlement avec le gouvernement de Vichy et encore moins avec le maréchal Pétain. 

Le journal Liberté qui paraît de novembre 1940 à octobre 1941, montre la complexité idéologique qui poussait d'authentiques résistants à condamner d'un même souffle la collaboration avec l'Allemagne, souhaiter la victoire de l'Angleterre, prendre leurs distances vis-à-vis de la dissidence gaulliste et proclamer leur soutien au maréchal Pétain et à sa « grande œuvre de rénovation nationale » tout en condamnant implicitement les lois antisémites et la suppression des libertés fondamentales. La nature même de Vichy rend cependant la clarification inévitable ce qui ne se fait pas sans déchirement à l'intérieur du groupe.

A l'automne 1941, les membres de Liberté sont par ailleurs identifiés par la Sûreté nationale et pour certains incarcérés en attente de jugement. Après des rencontres entre Henri Frenay, dirigeant du MLN et François de Menthon, Liberté et le MLN décident en novembre 1941 de se regrouper et donnent naissance au journal Combat.

Auteur(s) : Sylvie Orsoni

Franc-Tireur haut ▲

Dès août 1940, un petit groupe opposé à l'armistice, et très rapidement au régime de Vichy, se réunit au café de la Poste, place des Terreaux à Lyon. De simples conversations entre amis, le groupe s'oriente vers la formation d'un groupe clandestin décidé à préparer la renaissance de la République. Le 4 novembre 1940, la décision est prise. Le noyau initial comprend des entrepreneurs comme Elie Péju, à la tête d'une entreprise de déménagement, des commerçants comme Antoine Avinin ou Georges Vavasseur, libraire et animateur du club de discussion La Tribune du Rhône, des employés comme Jean-Jacques Soudeilles, le conseiller municipal radical Auguste Pinton, l’ingénieur-représentant industriel Noël Clavier, des enseignants lyonnais ou repliés d'Alsace-Lorraine. Les orientations politiques sont variées : Parti radical, Parti socialiste, ex-communistes restés à l'extrême-gauche, chrétiens membres de la Jeune République. Le groupe choisit le nom de France-Liberté et rédige de petits papillons et des tracts dactylographiés dont la diffusion est restreinte à un petit cercle d'amis sûrs.

L'arrivée de Jean-Pierre Lévy donne une autre dimension à ce groupe relativement confidentiel. Avant la guerre, Jean-Pierre Lévy, originaire d'Alsace, était cadre dans une entreprise textile qui se trouve repliée à Lyon. Il a des contacts dans des milieux très variés et des talents d'organisateur hors pair. Il convainc ses camarades de passer à un véritable travail de propagande et de s'organiser en conséquence. Malgré sa jeunesse, il devient le dirigeant du mouvement France-Liberté. L'année 1941 voit France-Liberté s'implanter danla région Rhône-Alpes, le Massif central avec Clermont-Ferrand, Saint-Etienne et Roanne.

France-Liberté reste cependant très modeste par rapport aux mouvements de résistance que sont Combat et Libération. Afin de maintenir la cohésion des différents groupes, de peser face aux autres mouvements de résistance et de permettre le recrutement de nouveaux militants, Jean-Pierre Lévy et Antoine Avinin persuadent en décembre 1941 leurs camarades de fonder un véritable journal clandestin. Le titre de Franc-Tireur fait référence aux volontaires républicains de 1870-1871 qui avaient choisi de continuer le combat pour défendre la patrie et la République en se situant en dehors de la loi. Il veut aussi proclamer sa liberté de pensée, indépendante de tout parti ou obédience. Le mouvement prend le nom du journal et devient Franc-Tireur. Le premier numéro de Franc-Tireur est tiré à 6 000 exemplaires et paraît en décembre 1941. À partir de février 1944, une édition parisienne est réalisée pour la zone Nord. Le mouvement, très soucieux de son indépendance, reconnaît progressivement à partir de mars 1942 le général de Gaulle comme chef de la Résistance. C'est explicite à partir du débarquement allié en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942. Des contacts avec Londres et les autres mouvements de Résistance de la zone Sud, Combat et Libération avaient déjà eu lieu. À partir d'avril 1942, Jean-Pierre Lévy rencontre régulièrement Jean Moulin, chargé par le général de Gaulle d'unifier les mouvements de résistance. Après de difficiles négociations, Combat, Libération et Franc-Tireur décident le 26 janvier 1943 de fusionner, fusion qui reste très théorique. Franc-Tireur se structure en différents services : propagande/diffusion, renseignements, service de liaison y compris avec l'extérieur, groupes paramilitaires (Armée secrète et Groupes francs).

Pour ce qui est de la région méditerranéenne, dès l'automne 1941, Jean-Pierre Lévy prend des contacts avec de futurs responsables du mouvement comme John Ulysse Mentha, assureur à Toulon, chargé d'organiser la région Sud (région R2). La propagande par tracts puis par le journal constitue l'essentiel de l'action du mouvement en R2. Marseille est la plaque tournante de Franc-Tireur. Au moment où les Groupes Francs s'organisent, la répression s'abat sur les militants marseillais et régionaux. Entre avril et août 1943, Franc-Tireur est décimé et durablement affaibli régionalement.

Auteur(s) : Sylvie Orsoni
Source(s) :

Jean-Pierre Lévy, avec la collaboration de Dominique Veillon, Mémoires d'un Franc-Tireur. Itinéraire d'un résistant (1940-1944), Bruxelles, Complexe/IHTP, 1998.

Dominique Veillon, Le Franc-Tireur. Un journal clandestin, un mouvement de Résistance, 1940-1944, Paris, Flammarion, 1977.