Les mémoriaux et lieux de mémoire des Bouches-du-Rhône

Dans les Bouches-du-Rhône comme ailleurs, les mémoriaux qui honorent la Résistance revêtent des configurations très diverses : édifices plus ou moins imposants, stèles, plaques de rues… Cette mémoire de pierre et de métal évolue au fil du temps, du point de vue de la forme et en fonction des événements commémorés. Ces mémoriaux peuvent honorer la Résistance de manière collective ou individuelle, perpétuer le souvenir d’un résistant ou de faits dramatiques ou glorieux. Les plus importants sont le lieu de cérémonies annuelles qui se perpétuent parfois jusqu’à nos jours. Certains sont regroupés autour de sites qui ont connu des événements particulièrement tragiques. C’est le cas, par exemple, des mémoriaux de la Chaîne des Côtes (autour du mémorial de Sainte-Anne). D'autres sont dédiés à des résistants ou groupes de résistants comme ceux du pays d'Arles (plaques des cheminots à la gare d'Arles, des exécutés de La Galine à Saint-Rémy-de-Provence, plaques de rues et sur divers édifices).

Auteur(s): Robert Mencherini

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Les mémoriaux de la chaîne des Côtes (Bouches-du-Rhône) haut ▲

Les mémoriaux de la Chaîne des Côtes (entre Lambesc et La Roque d’Anthéron) témoignent de la mobilisation qui, en juin 1944, à l’annonce du débarquement de Normandie, a poussé les résistants provençaux à créer des maquis, Ils furent nombreux à se regrouper au sommet de cette chaîne à compter du 6 juin. Mais ce maquis fut anéanti, quelques jours plus tard, le 12 juin 1944, par une attaque allemande particulièrement sanglante. De nombreuses stèles dispersées sur les hauteurs, près de la chapelle qui a donné son nom à ce lieu, ou dans les vallons, entre la Roque d’Anthéron et Charleval, comme au Fenouillet, rappellent l’étendue de ce massacre. Après la Libération, les résistants des Bouches-du-Rhône souhaitaient rendre hommage, non seulement aux maquisards de Sainte-Anne, mais à l’ensemble de leurs camarades du département qui avaient perdu la vie dans de multiples combats contre l’occupant. Une souscription fut organisée pour ériger, dans ce but, un mémorial départemental. C’est ainsi qu’une liste de plus de 270 noms fut gravée sur l’une des faces du monument de Sainte-Anne et que l’on trouve, parmi eux, le nom de Jean Moulin. 

Inauguré officiellement le 16 juin 1946, le mémorial de Sainte-Anne est toujours l’objet de commémorations annuelles. Il en est de même pour le monument du Fenouillet.

Auteur(s) : Robert Mencherini

Les mémoriaux de la Galine à Saint-Rémy de Provence (Bouches-du-Rhône) haut ▲

La Galine est un terroir agricole et rural du nord des Bouches-du-Rhône qui longe le flanc nord du massif des Alpilles, sous les ruines du château de Romanin. Parsemé de mas et irrigué par le canal des Alpines, il est partie intégrante de la commune de Saint-Rémy dont il constitue un quartier, à l’ouest du bourg. C’est ici qu’un groupe de résistants lié aux MUR (Mouvements unis de Résistance) se mobilise, en juin 1944, à l’annonce du débarquement de Normandie, sous la direction du gérant de la boulangerie coopérative du lieu, Eugène Thiot. Mais, le 9 juin, le quartier va être investi par des unités Brandebourg qui arrêtent et massacrent les principaux participants de ce groupe ainsi qu’un jeune résistant amené tout exprès de Cavaillon. Deux plaques, scellées sur la façade de l’ancienne boulangerie, une autre posée dans un fossé, à l’endroit où le corps d’Eugène Thiot a été jeté, et une stèle érigée en bordure du canal des Alpines à Lamanon (Bouches-du-Rhône), lieu où ont été fusillés les résistants, témoignent de ce massacre qui a suscité une forte émotion parmi la population de Saint-Rémy.

Auteur(s) : Robert Mencherini
Source(s) :

Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 76 W 129, rapports de gendarmerie, 11 et 12 juin 1944 — dossiers AVCC Caen — Casimir-Pierre Mathieu, La résistance à l’oppression, la première et deuxième guerre mondiale, La Résistance, Saint-Rémy, chez l’auteur, Cavaillon, Imprimerie Mistral, 1978 —Marcel Bonnet, « Le massacre de “La Galine”, 9-10 juin 1944 », Revue de l’Amicale laïque de Saint-Rémy-de-Provence, 1984, reproduit (avec des documents) in Marcel Bonnet, Le massacre de “La Galine”, 9-10 juin 1944, présenté par André Bonafos et par Rémy Bonein (chef de groupe du quartier de la Galine 1940-1943, Eyrargues, Édition espace culturel Eyrarguais, 1991—Véronique Sassetti, « Saint-Rémy de Provence pendant la Seconde Guerre mondiale », mémoire de maîtrise, Université d’Avignon et des pays de Vaucluse, dir. R. Mencherini, 1996, dactylographié — Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944), Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 3, Paris, Syllepse, 2011 — Robert Mencherini, Notices La Galine in Maitron des Fusillés.

Les mémoriaux cheminots d’Arles (Bouches-du-Rhône) haut ▲

Poumon économique de la ville pendant plus de cent ans, les ateliers d’Arles ont contribué à façonner son visage actuel, et favoriser l’émergence d’une mémoire ouvrière, encore vive aujourd’hui. Depuis les années 1930, les ateliers sont divisés en deux : à l’est de la voie ferrée, la réparation des essieux ; et à l’ouest, les activités liées aux locomotives et aux tenders. Durant la Seconde Guerre mondiale, les ateliers d’Arles ont constitué un foyer important de diffusion de la presse clandestine.

Auteur(s) : Marion Jeux