Aux origines : le Manifeste des douze

Pour Christian Pineau comme pour d’autres, l’espoir est symbolisé par la radio anglaise. Sur place, il faut convaincre proches et amis sûrs dans une sorte de porte-à-porte patriotique. Christian Pineau tente de regrouper autour de lui les syndicalistes, dont son collègue Robert Lacoste, fonctionnaire à la Caisse des Dépôts et Consignations, l’un des premiers à le rejoindre. Avec son aide, il s’engage sur la voie de la rébellion en rédigeant avec une douzaine de camarades du Comité d’études économiques et syndicales réunis dans son appartement, 52 rue de Verneuil, un "Manifeste du Syndicalisme".

Plan de l'expo

Crédits

Biographie(s)

Le Manifeste haut ▲

Le manifeste, tiré à la ronéo dans les locaux de la Caisse d’Assurances sociales “Le travail”, paraît le 15 novembre 1940, revêtu de la signature de neuf confédérés et de trois syndicalistes chrétiens. Plusieurs points sont déclinés, dont l’anticapitalisme, le respect de la démocratie et de la personne humaine. L’antisémitisme y est dénoncé tout comme les persécutions religieuses. La rédaction du Manifeste incombe à Christian Pineau seul, comme il l’écrit dans son ouvrage La simple vérité (Editions Phalanx, Paris, 1983) : " Seul devant quelques feuilles de papier blanc, je mesure la vanité de la tâche que nous voulons entreprendre. Que peuvent quelques idées timidement exprimées contre le courant apparemment irrésistible qui entraîne l’Europe ? Que peut un stylographe contre d’immenses armées blindées ?... ».

Les signataires haut ▲

Signé par trois militants de la CFTC (Maurice Boudaloux, secrétaire adjoint Gaston Tessier, secrétaire général, Jules Zinheld, président) et neuf militants de la CGT (Oreste Capocci, secrétaire général de la Fédération des Employés, Léon Chevalme, secrétaire général de la Fédération des Métaux, Albert Gazier, secrétaire de la Chambre Syndicale des Employés de la Région parisienne, Eugène Jaccoud, secrétaire de la Fédération des Transports, Robert Lacoste et Pierre Neumeyer, secrétaires de la Fédération des Fonctionnaires, Christian Pineau, secrétaire de la Fédération des Employés (Banque et Bourse, Louis Saillant, secrétaire de la Fédération du Bâtiment et du Bois, Victor Vandeputte, secrétaire de la Fédération du Textile), selon Alya Aglan , ce manifeste apparaît d’emblée comme une riposte au décret du 9 novembre 1940 qui porte dissolution de la CGT, de la CFTC, de la Confédération des Syndicats Professionnels Français(1).

(1) Le décret prononce aussi la dissolution de la Confédération Générale du Patronat Français, du Comité des Forges et du Comité des Houillères.