Naissance et spécificités du mouvement

Comme le font apparaître les biographies des douze signataires du Manifeste, à l’origine de la naissance du mouvement, trois militantismes se retrouvent : les courants non communistes de l’ancienne CGT, le syndicalisme chrétien et une tradition de lutte de la SFIO. Le mouvement Libération-Nord se constitue, petit à petit, autour du journal. Il pratique d’abord des formes d’action pacifiques : rédaction, fabrication et distribution de Libération, reconstitution clandestine des sections et centrales et, accessoirement, collecte de renseignements militaires. La composante syndicaliste et chrétienne de Libération-Nord ne penche pas naturellement pour la lutte armée. D’autre part, les dirigeants ne jugent pas cette forme d’action prioritaire. Il s’agit tout d’abord de se mobiliser pour rallier le plus grand nombre de Français, appelés par le journal à rejoindre le mouvement. Il s’agit de contrer la propagande du régime de Vichy et de déjouer les ruses de l’occupant. Dans un second temps, la nécessité de faire la démonstration de leur force pousse les responsables de Libé-Nord à créer des groupes paramilitaires.

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Les fondateurs haut ▲

L’annonce officielle de la fondation du mouvement est faite dans le numéro 52 du 30 novembre 1941 de Libération-Nord : la publication du Manifeste du mouvement, constatant la trahison de Vichy, prône le rassemblement de patriotes « sans distinction de partis, de croyances et de classes ». Dans ce Manifeste, il est demandé aux Français de rejoindre Libération, « mouvement national ouvert à tous ceux qui ont conservé leur foi dans les véritables destinées de la France ».

En 1941, explique Christian Pineau, les groupes se sont formés au hasard des rencontres et, à Londres, on semble tout ignorer de l’activité clandestine des groupements. D’où la nécessité de faire partie d’un ensemble cohérent.

Une direction collégiale : le comité directeur haut ▲

Le Comité directeur de Libération-Nord est créé en décembre 1941, lors d’une réunion qui rassemble, au domicile de Christian Pineau, rue de Verneuil à Paris, sous la présidence de Charles Laurent, Albert Gazier, Robert Lacoste, Pierre Neumeyer, Louis Saillant, René Parodi, Gaston Tessier, Maurice Bouladoux (liste donnée par Christian Pineau). D’après Henri Noguères, sont également présents Jean Texcier, Henri Ribière et Jean Cavaillès.

Durant la période, la composition du Comité directeur est modifiée par quelques départs : l’arrestation de René Parodi en février 1942, le départ de Robert Lacoste et Christian Pineau en zone Sud, celui de Jean Cavaillès, le passage de Jacques Brunschwig-Bordier de février à mars 1943, l’arrivée de Roger Deniau et de Van Wolput, des colonels Dauphin et Valentin, ainsi que de Paul Verneyras.

Reconnaissance par Londres haut ▲

Désireux de rompre l’isolement sur la recommandation de Pierre Brossolette, Christian Pineau est l’un des tout premiers chefs de mouvements de résistance de zone occupée à se rendre à Londres en février 1942. André Philip, ancien député socialiste du Rhône, lui a conseillé de demander à de Gaulle la “déclaration” réclamée par les chefs des principaux mouvements de zone Sud (Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur) pour appuyer la mission de Jean Moulin, chargé de sceller leur ralliement à de Gaulle. “La déclaration aux mouvements”, où sont affirmés les principes républicains et démocratiques de la France libre, est rapportée par Christian Pineau. La rédaction de ce document constitue l’enjeu primordial du voyage à Londres de Christian Pineau. A la suite de cette visite, le général de Gaulle est obligé de définir, pour la première fois, ses conceptions politiques.