"Le Trièves"

C’est une résistance multiforme qui caractérise le Trièves, Secteur IV de l’Armée Secrète de l’Isère, bénéficiant de nombreuses complicités.

C’est une tradition d’accueil et de refuge.
À Prélenfrey-du-Gua, la famille Guidi, protestante, ouvre en 1936 un préventorium appelé « Les Tilleuls ». Dès 1940-1941, l’établissement accueille des enfants juifs issus de familles persécutées [1], pour la plupart envoyés par l’Œuvre de Secours aux Enfants (OSE). D’autres familles accueillent des enfants juifs et quelques réfractaires envoyés par Henri Bertrand, alias X2[2], ou la famille Girard-Clot de Grenoble [3]. Ils sont alors placés individuellement dans les fermes ou dans des exploitations forestières.

C’est également le creuset de la reconstitution des unités militaires.
Après la dissolution de l’armée d’armistice dans les environs de Monestier-de-Clermont, une quarantaine d’homme issus du 6e BCA s’entraîne intensément : ils suivent le Manuel d’entraînement du Fantassin du général Laffargue, commandant de la subdivision militaire de Grenoble, comme une bible [4].

À partir de 1943 et de l’instauration du STO, des camps vont voir le jour. 

En mars 1943, Jacques Molé, engagé dans la Résistance à Lyon, fonde le groupe « Clan Notre-Dame-des-Maquis », qui a pour objectif de réunir des scouts appelés au S.T.O. Il se rend dans le Trièves [5]. Nommé chef A.S. du Secteur, il parcourt les environs pour mettre en place des camps pour accueillir les réfractaires [6].

Au début du mois d’août 1943, à Tréminis, Jean-Claude Rozan (Lanval), installe un camp qui comprend une trentaine d’individus.

En septembre 1943, un camp s’installe à La Sagne, à l’initiative de deux étudiants en théologie de l’Université de Montpellier, qui sera dissout le 19 octobre 1943 par l’armée allemande.

En octobre 1943, le Détachement itinérant F.T.P. « Chant du départ » vient se fixer à Esparron. Dirigé par Marcel Dufour, il n’entre pas en contact avec les autres groupes et a un fonctionnement assez autonome [7].

Lors du rude hiver 1943-1944, des camps vinrent trouver dans le Trièves un climat moins rigoureux et des possibilités de ravitaillement plus satisfaisantes. Le C.2, venu de la clairière de Carette, au sud de Corrençon-en-Vercors, s’installa sur les premiers contreforts du massif et fut ravitaillé par Potin du Secteur IV [8].

Les lieux de mémoire reflètent, de nos jours, le caractère d’une résistance multiforme.

 

Auteur(s) : Julien Guillon
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Sources et références :

[1] Les habitants de Prélenfrey ont sauvé les 51 juifs, dont 20 enfants, qui s'y étaient cachés entre 1940 et 1944. Hélène, Georges et André Guidi, ainsi que l'infirmière Annie Wahl, ont reçu la distinction de « Justes parmi les Nations ». Le village entier a également été honoré par cette distinction.

[2] Archives Départementales de l'Isère, 57J50/1. Témoignage d’Henri Bertrand recueilli par Suzanne Silvestre le 20 novembre 1967, 8 pages.

[3] A.D. Isère, 57J50/1. Témoignage de mademoiselle Girard-Clot recueilli par Suzanne Silvestre le 17 octobre 1966, 2 pages.

[4] A.D. Isère, 57J50/1. Témoignage de Gustave Lombart recueilli par Suzanne Silvestre le 19 décembre 1977, 6 pages.

[5] DUCLOS (J-C.) (Sous la direction de.), 1939, 1945. L’Isère en Résistance, M.R.D.I., Grenoble, 2005, 194 pages.

[6] DUCLOS (J-C.) (Sous la direction de.), 1939, 1945. L’Isère en Résistance, M.R.D.I., Grenoble, 2005, 194 pages.

[7] BILLAT (P.), Levés à l’aube de la Résistance dauphinoise, Sassenage : Imprimeurs réunis, 1978, 218 pages.

[8] A.D. Isère, 57J50/1. Témoignage d’André Genot recueilli par Suzanne Silvestre le 28 avril 1975, 7 pages.

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