Zone "libre" et occupations

Après les armistices signés en 1940 entre la France et l’Allemagne (22 juin) puis la France et l’Italie (24 juin), le pays est divisé en deux grandes zones - zone « libre » et zone occupée (par les Allemands) - séparées par une ligne de démarcation. La région, située en zone libre à l’exception de Menton et de franges frontalières des Alpes occupées par les Italiens, est sous l’autorité de l’État français.

La mise en place de l’État français, après le vote du Parlement accordant, en juillet 1940, les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, constitue une rupture franche avec la République française. Le nouveau gouvernement, installé à Vichy et présidé par Philippe Pétain, supprime toutes les libertés démocratiques, exerce un contrôle très étroit de la population, arrête, emprisonne ou interne les dissidents et les étrangers « indésirables ». Sa politique dite de « Révolution nationale », très autoritaire, xénophobe, misogyne et antisémite, va de pair avec la « Collaboration » avec les vainqueurs.

En novembre 1942, après le débarquement allié en Afrique du Nord, Allemands et Italiens occupent la région. Les premiers s’en emparent en totalité après la capitulation italienne de septembre1943. Jusqu’à la Libération, ils intensifient la chasse aux résistants, aux réfractaires et aux Juifs avec la participation de groupes collaborationnistes et la complicité de l’État Français.

 

 

 

Auteur(s): Robert Mencherini

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Bibliographie

Actualités

La région en 1940-1944 haut ▲

La particularité de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur durant la Seconde Guerre mondiale est d’avoir connu trois périodes distinctes. Située en zone « libre » et placée sous autorité du gouvernement de Vichy après la défaite de juin 1940, ses habitants connaissent une situation particulière entre novembre 1942 et septembre 1943, une grande partie de la région étant placée sous l’autorité italienne. A la suite de l’armistice avec le royaume d’Italie face aux Alliés, les soldats italiens se retirent. La région est alors intégralement occupée par les Allemands, jusqu’à sa libération.

 

 

Auteur(s) : Laetitia VION

Etat français, Révolution nationale, Collaboration haut ▲

Réfugiés, étrangers et indésirables haut ▲

En 1940, au moment de l’offensive allemande, des milliers de Français et d’étrangers, en fuite devant les troupes ennemies, affluent en Provence. Ceux qui le peuvent et sont autorisés à le faire, retournent, à partir de l’été 1940, dans leur région d’origine. Mais un grand nombre demeurent en Provence. Ils sont rapidement rejoints par d’autres réfugiés qui souhaitent quitter la France. Il leur est possible, à Marseille où se sont repliés la plupart des consulats, d’obtenir les papiers indispensables au départ. Le camp des Milles, pour les hommes, et les hôtels de Marseille réquisitionnés pour les femmes et les enfants deviennent à ce moment-là des lieux de transit.

Beaucoup d’étrangers réfugiés sont considérés « indésirables » par le gouvernement de Vichy et internés dans des camps ou des groupes de travailleurs étrangers (GTE). Parmi eux, beaucoup de Juifs.

Auteur(s) : Robert Mencherini

Oppressions et censure haut ▲

Le gouvernement de Vichy entend exercer sans partage un pouvoir qui mêle exécutif, législatif et judiciaire. Il met rapidement à l’écart ou supprime tout ce qui peut le limiter, en particulier, par la suppression ou l’ajournement des assemblées élues (Parlement, conseils généraux, un grand nombre de conseils municipaux), remplacés par des instances nommées. La possibilité de révoquer les fonctionnaires et la prestation de serment doivent garantir une administration docile.

            Le contrôle de la population qu’il souhaite absolu passe par la dissolution des organisations traditionnelles comme les partis politiques, les confédérations syndicales, les loges maçonniques.

            Des organisations sont créées comme la Légion française des combattants » (LFC) qui réunit les combattants des deux guerres. La LFC constitue « les yeux et les oreilles du Maréchal », encadre le plus petit village, préside aux cérémonies et dénonce les mal-pensants. D’autres organisations veulent encadrer la jeunesse, comme les Chantiers de la jeunesse ou les Compagnons de France.

D’autres dispositifs, comme la Charte du Travail ou la Corporation paysanne entendent organiser les milieux professionnels selon la doctrine gouvernementale. L’École est également prise en mains avec la modification des programmes scolaires, l’épuration du corps enseignant et la suppression des Écoles normales. 

Enfin, les médias sont largement utilisés par le nouveau régime. Presse, radio, informations cinématographiques sont sous surveillance et censurés. Un Office de l’information (OFI) abreuve les journaux de consignes précises sur les nouvelles à diffuser, à mettre en valeur ou, au contraire, à dissimuler. Une propagande omniprésente s’évertue à populariser la Révolution nationale, les actions du gouvernement, et le culte du Maréchal.

Auteur(s) : Robert Mencherini

Persécutions antisémites haut ▲

Dès l'automne 1940, les autorités de Vichy, maréchal Pétain en tête, entendent épurer la nation française de ses éléments jugés « indésirables » et inassimilables. Pour elles, les Juifs sont une des composantes de « l'Anti-France », ceux que Maurras appelle « les étrangers de l'intérieur ». Pour atteindre cet objectif, toute une législation discriminant et excluant les Juifs est adoptée dès les premières semaines suivant la mise en place du gouvernement.  Elle donne satisfaction à l'antisémitisme plus ou moins silencieux de cadres de l'État, d'universitaires, de juristes, de magistrats qui commentent ou appliquent ces mesures antisémites. Durant la période où la région, située en « zone libre », est placée sous l’autorité du gouvernement de Vichy, les Juifs, installés de longue date ou récemment arrivés dans l'actuelle région Provence-Alpes-Côte d'Azur, sont confrontés à cette nouvelle législation. S'ils ne sont pas, encore (?), concernés par les ordonnances allemandes qui, en zone occupée, aggravent la situation des Juifs de France, la législation antisémite suffit malgré tout à les distinguer et à les exclure du reste de la société. La presse de la zone Sud commente favorablement ces dispositions, présentées comme de bon sens et de salubrité publique. Elle contribue à normaliser une législation contraire aux valeurs démocratiques et républicaines.

Lorsque les autorités allemandes décident de déporter les Juifs de la zone Sud, elles trouvent une population stigmatisée, affaiblie moralement et économiquement et bénéficient de la participation active de l'administration française.

Auteur(s) : : Laetitia Vion, Sylvie Orsoni
Source(s) :

Grynberg Anne, Les camps de la honte. Les internés juifs des camps français, 1939-1944, La Découverte/Poche,Paris, 1999.

Mencherini Robert, Vichy en Provence, Midi Rouge, ombres et lumières, tome 2. Paris, Syllepse, 2009.Paxton O. Robert, La France de Vichy 1940-1944, éditions du Seuil, Paris, 1973.

Peschanski Denis, La France des camps. L'internement 1938-1946. Editions Gallimard, Paris, 2002.

Taguieff Pierre-André (sous la direction de), L'antisémitisme de plume. 1940-1944, études et documents. Berg International Editeurs, Paris, 1999.

 

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