Les associations d'anciens résistants

Pour présenter cette analyse originale et détaillée de l’histoire de l’Association nationale des Pionniers et Combattants volontaires du Vercors (ANPCVV), réalisée par l’historien Jean-William Dereymez, il a paru intéressant de rappeler les caractéristiques principales des associations d’anciens résistants, dans l’ensemble de celles du monde associatif combattant.

Dans cette optique, l’analyse intitulée « Les associations d’anciens résistants sous le regard des historiens » proposée par l’historien Gilles Vergnon et parue dans Les Cahiers du CEHD n° 28, en 2006, n’a rien perdu de son actualité. Nous remercions son auteur de nous avoir autorisés à en proposer cet essai de synthèse.

L’auteur constate « le relatif vide historiographique » sur le sujet dû, semble-t-il, notamment au faible nombre de résistants et à l’immersion de leur mémoire au sein du vaste ensemble des combattants de l’intérieur et de la France libre, et des captifs, déportés ou prisonniers. Par exemple, en Isère en 2014, sur 75 associations d’anciens combattants, on en compte à peine 20 d’anciens résistants. Pour la Drôme, les chiffres sont respectivement de 68 et 5. (Sources ONAC Isère et Drôme).

Il propose ensuite une typologie de ces associations en quatre catégories : les associations locales, les associations nationales à enracinement local (comme le Vercors, qui est un territoire précis, mais un enjeu national de mémoire), les associations nationales, les plus tardives, les plus actives (ANACR, ANCVR, CNCVR…), enfin, les associations des anciens des mouvements de la Résistance, généralement moins visibles.


Dans ce cadre général, trois périodes peuvent être distinguées :

 

Périodes

Traits dominants

Thèmes principaux

Avant les années 1975 - 1980

- Jeunes résistants parfois déçus, engagés     dans la reconstruction du pays, 
parfois divisés par la guerre froide

        - Discours héroïque (sacrifices,                  volonté…)

        - Solidarité – Reconstruction,

        - Lieux de mémoire

Pendant les années 1975 - 2000

- « Petit âge d’or » des associations – Augmentation des effectifs

        - Accueil de jeunes retraités, levée de la forclusion des cartes CVR, veille mémorielle et historique,
lieux de mémoire

Depuis

- Déclin numérique, transmission,
implication des collectivités

- Comment perpétuer ?

       - Comment gérer la montée du                « discours victimaire », face                    au « discours héroïque » ?

 

 - Le rôle reconnu aux associations est au moins triple selon l’auteur :

  • · la solidarité (aide aux membres et à leur famille, défense des intérêts moraux et matériels)

  • · la sociabilité : interne (événements amicaux, festifs, etc.) et externe (représentation, liens avec les décideurs publics ou associatifs).

  • · la culture de la mémoire (cérémonies, monuments, livres, etc.).

Au fil des années, l’ancien résistant peut devenir éducateur (visites sur les lieux, interventions dans les écoles). Des parrainages sont mis en œuvre (villes, toponymie des rues, liens avec des unités militaires, écoles…, participation au contenu des musées de 1re et 2e générations.)

Cependant, deux traits actuels méritent attention et recherches (cf. 3e ligne du tableau précédent), selon l’auteur :

1/ Les associations d’anciens résistants ont des difficultés à imposer leur mémoire propre comme « composante majeure de la mémoire collective de la Nation ». Celle-ci est co-construite aujourd’hui, par les témoins certes, mais aussi l’Etat, l’Ecole, l’Audiovisuel, la demande sociale « et… les historiens ». Ainsi, une certaine « distance a pu se creuser » entre les différents acteurs de la mémoire (par exemple, écrit l’auteur, entre des collectivités plutôt « victimaires » et des associations, plutôt « héroïques »).

On peut se poser la question de savoir si le moment, au contraire, ne serait pas propice à une synthèse mémorielle ?

2/ Les associations ont un « souci de pérennité » pour transmettre leur message. La Fondation de la Résistance, les associations des descendants et amis, l’appui des collectivités et autres acteurs de la mémoire, sont autant de voies possibles, parfois complémentaires, pour assurer cette pérennité.

Cette volonté de pérennité pour la Résistance, que l’auteur ne décèle pas, par exemple dans les associations issues de la Grande Guerre, est en soi un signe fort.

Auteur(s): Philippe Huet
Source(s):

Gilles Vergnon, « Les associations d’anciens résistants sous le regard des historiens », in Les Cahiers du CEHD n° 28, 2006.

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Comment appliquer la grille de lecture précédente à la mémoire de la Résistance en Vercors ?

Les associations concernées sont multiples, souvent sectorielles, plus ou moins durables. On peut notamment citer les associations Anciens du lycée de Villard-de-Lans, des Amis de Jean Prévost, celle, aujourd’hui dissoute des Maquisards du Vercors « Lasalle », des Anciens du 11e Cuir., du 6e BCA…). Cette vitalité est un signe. Comme sont un signe les 50 à 80 événements mémoriels sur le Plateau, lors du 70e anniversaire.

Il est cependant reconnu que l’Association Nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors (ANPCVV), créée en novembre 1944 sous le nom d’Amicale des Pionniers par Eugène Chavant, chef civil du maquis, a joué un rôle  central et original dans la reconstruction et la mémoire. Elle a gardé sa visibilité comme en témoigne son action au cours du 70e anniversaire des combats de la Libération en 2014. C’est ce qu’explicite l’étude dédiée de J-W. Dereymez, présentée ci-après.

Auteur(s) : Philippe Huet