La dispersion

Le 23 juillet 1944, après 56 heures de combats, le massif du Vercors est investi par les troupes allemandes et les Alliés de Londres et d’Alger, bien occupés sur les différents fronts, ne répondent plus aux appels des résistants. Cette situation conduit le commandement militaire local à ordonner aux combattants du maquis de se disperser par petits groupes dans les zones abritées du plateau et de laisser passer la vague allemande, avant de se regrouper pour reprendre ultérieurement le combat en des temps moins défavorables et sous des formes adaptées à la nouvelle situation.

Comment cet ordre fut-il préparé, diffusé, exécuté ? Avec quels résultats ? Telles sont les questions abordées ici.

Auteur(s): Philippe Huet
Source(s):

Association nationale des pionniers et combattants volontaires du Vercors (ANPCVV), Le Vercors raconté par ceux qui l’ont vécu, Grenoble, 1990 ;

Archives familiales Huet, dont les témoignages de Robert Bennes, Roland Bechmann, Louis Didier-Perrin, Paul Wolfrom, Gilbert Landau;

Darier Albert, Tu prendras les armes, Grenoble, Imprimerie Veyret-Picot, 1974, 492 p. ;

Darier Albert, Tu prendras les armes, Préface du général Le Ray, Grenoble, Association nationale des Pionniers du Vercors, 1983, 492 p. ; 

Richard Marillier, Issues de secours, Précy-sous-Thil, Ed. L’Armançon, 2000, 117 p. ;

Marc Serratrice, Avoir 20 ans au maquis du Vercors, 1943 - 1944, collection "Histoire intime", Avon-les-Roches, Edition Anovi, 2014 ;

Stephen lieutenant (André Valot), Vercors premier maquis de France, Buenos-Aires, Viau, 1946 (rééditions par les Pionniers du Vercors en 1985 et 1991), Stephen lieutenant (André Valot), Vercors premier maquis de France, Grenoble, ANPCVV, 1991, 178 p.

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Cadre général de la dispersion haut ▲

On conçoit que l'extrême diversité des situations des unités rassemblant plusieurs milliers de combattants répartis sur plus de 2 000 km² - sans aucun moyen de liaisons radio, et pour certaines, déjà bien éprouvées par les combats - ait conduit à des attitudes bien différentes face aux problèmes très concrets d’application de l’ordre de dispersion. Lieux de repli, camouflage, distribution des armes, eau et ravitaillement, accrochages des Allemands, retour en plaine... sont autant de circonstances et de thèmes obligeant à adapter les solutions aux données locales.

Auteur(s) : Philippe Huet

Les parcours groupés et organisés haut ▲

Une première option prise par les maquisards lors de la dispersion fut de rester en groupes organisés, soit sur le Plateau dans des zones-refuges, comme le prescrivait l’ordre de dispersion, soit, exceptionnellement, pour tenter une sortie vers la plaine en passant à travers les mailles du filet de l’encerclement allemand.

Le choix de rester sur le Plateau fut celui d’unités déjà expérimentées car constituées d’éléments présents dans le maquis depuis plusieurs mois. C’est le cas notamment des unités de Costa de Beauregard au nord (6e BCA) et de Geyer (11e Cuir.) au sud, ou encore d’éléments des compagnies civiles bien entraînés et peu éprouvés par les combats (sections Jacquelin(e) et Jansen). Tous ces groupes surent rester sur le Plateau et survivre dans des conditions extrêmement difficiles, en ayant essuyé peu ou aucune perte.

Il faut citer aussi le groupe de Robert Bennes, dit Bob, officier du BCRA, chef des opérateurs radio, qui reçut une formation de commando à Staoueli en Algérie, avant d’être parachuté près de Vienne. Lors de la dispersion, il prit spontanément la tête d’un groupe qui se trouvait à Pré-Grandu, au pied des Pas de l’Est en zone découverte, et le conduisit en sécurité et sans pertes en Oisans, au terme d’un raid de 10 jours, véritable exploit militaire.

Auteur(s) : Philippe Huet

Les parcours mixtes haut ▲

Une seconde option prise par les maquisards lors de la dispersion fut de rester un temps en groupe organisé sur le Plateau dans les zones-refuges, puis de se répartir en petites équipes afin :

- soit de tenter une sortie du massif avec « plus de chances » de traverser l’encerclement ennemi – les fortunes furent diverses (cas de la section Potin, la Compagnie Prévost, d'Eugène Chavant accompagné de 200 maquisards, du groupe Jouneau, de Louis-Didier Perrin et de ses compagnons) ;

- soit de rétablir des liaisons entre les unités ou avec l’extérieur (cas de l’état-major) avant de regrouper les résistants en plaine.

Il semble bien que ces dispersions en deux phases (groupées puis en petites équipes) aient été fréquentes, en tous cas ce sont celles pour lesquelles nous avons pu recueillir le plus grand nombre de témoignages.

Auteur(s) : Philippe Huet

Les parcours individuels haut ▲

À côté des parcours groupés, ou groupés puis éclatés (parcours mixtes), une troisième option a été prise par certains maquisards lors de la dispersion, celui de s’en sortir seuls, soit parce qu’ils avaient perdu le contact avec leur unité, soit parce qu’ils estimaient avoir ainsi les meilleures chances de sortir pour reprendre le combat ou rentrer chez eux.

Sont cités ici à titre d’exemple, les parcours de Roland Bechmann, 24 ans, gendre de Jean Prévost, dit Gammon-Lescot, pour son habileté à manier grenades et autres engins explosifs, et le parcours de Paul Wolfrom, 18 ans, neveu du colonel Marcel Descour. Tous deux,à l’issue de leur périple, reprirent le combat.

Auteur(s) : Philippe Huet