Du Trièves jusqu'à l'agglomération grenobloise

La crête du flanc oriental, longue de cinquante kilomètres, présente plusieurs sommets dépassant les 2 000 mètres d'altitude.

Le Trièves, à l'est, est un bas plateau vallonné, entre les plus hauts sommets du Vercors et les gorges du Drac. C'est la région la plus isolée du reste du massif.

Le secteur qui s’étend des crêtes de la falaise orientale au Drac subit, de novembre 1943 à mai 1944, des raids italiens puis allemands particulièrement bien ciblés.

Dès le 21 juillet 1944, les Allemands attaquent la résistance du Vercors sur quatre directions avec, notamment, comme point de départ : le Drac vers les Pas de la falaise.

Simultanément, ils bouclent le périmètre extérieur du massif pour interdire la fuite de combattants vers la Drôme ou l’Isère.

À l’est, ils surveillent les versants pentus de la falaise qui, des Pas, conduisent au Drac et, au-delà, au Trièves et à l’Oisans.

Au cours de cette lutte inégale, des maquisards, seuls ou en équipes de quelques hommes, sont interceptés et abattus. Des civils sont parfois pris en otages et fusillés ou déportés. Toutefois, des combattants réussissent à franchir les barrages allemands.

Ces événements expliquent le nombre important de lieux de mémoire entre la ligne des falaises et le Drac.

Auteur(s): Guy Giraud et Julien Guillon

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Le Trièves haut ▲

C’est une résistance multiforme qui caractérise le Trièves, Secteur IV de l’Armée Secrète de l’Isère, bénéficiant de nombreuses complicités.

C’est une tradition d’accueil et de refuge.
À Prélenfrey-du-Gua, la famille Guidi, protestante, ouvre en 1936 un préventorium appelé « Les Tilleuls ». Dès 1940-1941, l’établissement accueille des enfants juifs issus de familles persécutées [1], pour la plupart envoyés par l’Œuvre de Secours aux Enfants (OSE). D’autres familles accueillent des enfants juifs et quelques réfractaires envoyés par Henri Bertrand, alias X2[2], ou la famille Girard-Clot de Grenoble [3]. Ils sont alors placés individuellement dans les fermes ou dans des exploitations forestières.

C’est également le creuset de la reconstitution des unités militaires.
Après la dissolution de l’armée d’armistice dans les environs de Monestier-de-Clermont, une quarantaine d’homme issus du 6e BCA s’entraîne intensément : ils suivent le Manuel d’entraînement du Fantassin du général Laffargue, commandant de la subdivision militaire de Grenoble, comme une bible [4].

À partir de 1943 et de l’instauration du STO, des camps vont voir le jour. 

En mars 1943, Jacques Molé, engagé dans la Résistance à Lyon, fonde le groupe « Clan Notre-Dame-des-Maquis », qui a pour objectif de réunir des scouts appelés au S.T.O. Il se rend dans le Trièves [5]. Nommé chef A.S. du Secteur, il parcourt les environs pour mettre en place des camps pour accueillir les réfractaires [6].

Au début du mois d’août 1943, à Tréminis, Jean-Claude Rozan (Lanval), installe un camp qui comprend une trentaine d’individus.

En septembre 1943, un camp s’installe à La Sagne, à l’initiative de deux étudiants en théologie de l’Université de Montpellier, qui sera dissout le 19 octobre 1943 par l’armée allemande.

En octobre 1943, le Détachement itinérant F.T.P. « Chant du départ » vient se fixer à Esparron. Dirigé par Marcel Dufour, il n’entre pas en contact avec les autres groupes et a un fonctionnement assez autonome [7].

Lors du rude hiver 1943-1944, des camps vinrent trouver dans le Trièves un climat moins rigoureux et des possibilités de ravitaillement plus satisfaisantes. Le C.2, venu de la clairière de Carette, au sud de Corrençon-en-Vercors, s’installa sur les premiers contreforts du massif et fut ravitaillé par Potin du Secteur IV [8].

Les lieux de mémoire reflètent, de nos jours, le caractère d’une résistance multiforme.

 
Auteur(s) : Julien Guillon
Source(s) :

Sources et références :

[1] Les habitants de Prélenfrey ont sauvé les 51 juifs, dont 20 enfants, qui s'y étaient cachés entre 1940 et 1944. Hélène, Georges et André Guidi, ainsi que l'infirmière Annie Wahl, ont reçu la distinction de « Justes parmi les Nations ». Le village entier a également été honoré par cette distinction.

[2] Archives Départementales de l'Isère, 57J50/1. Témoignage d’Henri Bertrand recueilli par Suzanne Silvestre le 20 novembre 1967, 8 pages.

[3] A.D. Isère, 57J50/1. Témoignage de mademoiselle Girard-Clot recueilli par Suzanne Silvestre le 17 octobre 1966, 2 pages.

[4] A.D. Isère, 57J50/1. Témoignage de Gustave Lombart recueilli par Suzanne Silvestre le 19 décembre 1977, 6 pages.

[5] DUCLOS (J-C.) (Sous la direction de.), 1939, 1945. L’Isère en Résistance, M.R.D.I., Grenoble, 2005, 194 pages.

[6] DUCLOS (J-C.) (Sous la direction de.), 1939, 1945. L’Isère en Résistance, M.R.D.I., Grenoble, 2005, 194 pages.

[7] BILLAT (P.), Levés à l’aube de la Résistance dauphinoise, Sassenage : Imprimeurs réunis, 1978, 218 pages.

[8] A.D. Isère, 57J50/1. Témoignage d’André Genot recueilli par Suzanne Silvestre le 28 avril 1975, 7 pages.

Des Pas à la vallée du Drac haut ▲

En parallèle et en rapport avec le Projet Montagnards, il fut assigné aux secteurs du piémont deux rôles majeurs. Le premier consistait en une surveillance accrue [1] des mouvements ennemis, puis dans un second temps, de présenter un premier rempart à l’accès au massif du Vercors. En effet, les Pas et les Cols pouvaient alors être empruntés par des troupes non nécessairement formées et rompues à la guerre en montagne pour accéder au massif, et ce, malgré les défenses naturelles.
Dans cet objectif, les groupes formés dans le Trièves par les militaires du 6e B.C.A., passés à l’O.R.A., furent initiés à « […] la prise ou la défense d’un piton rocheux [2] », mais surtout à « […] harceler par-dessus et par-dessous l’accès aux Pas du Vercors considérés comme accessibles [3] », tandis que la compagnie civile Brisac devait être immédiatement mobilisable pour la défense de Saint-Nizier-du-Moucherotte. 
En juillet et août 1944, lors de la dispersion, ces accès furent surveillés. Quelques combattants, en tentant de quitter le massif, furent abattus.

Les lieux de mémoire qui jalonnent cet espace sont en corrélation avec la diversité des enjeux.

Auteur(s) : Julien Guillon
Source(s) :

Références :

[1] [2] et [3] Archives Départementales de l'Isère - 57J50/1.

L'agglomération grenobloise et les Quatre-Montagnes haut ▲

Deux événements majeurs sont à mettre en relation avec les marqueurs de la mémoire :

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les falaises et leurs débouchés sur l’agglomération grenobloise sont encore en « rase campagne ». À partir de 1943, lorsque la puissance d’occupation vide ses geôles, quelques kilomètres à parcourir suffisent pour perpétrer des exécutions sommaires dans des lieux reculés et discrets.

Lors de la dispersion, à partir du 23 juillet 1944, les débouchés de Saint-Nizier-du-Moucherotte et d’Engins étaient surveillés par les troupes allemandes. Des combattants furent tués lors de leur tentative d’exfiltration, dont Jean Prévost et ses compagnons.

Auteur(s) : Julien Guillon