Les soutiens et l'équipement du maquis

Localement, le maquis a reçu le soutien de la population du Vercors pour ce qui concerne son ravitaillement, sa sécurité générale, la fourniture de faux papiers et de cartes d’alimentation et les soins médicaux de première urgence.

Parfois, avec des complicités intérieures, des équipements sont dérobés dans les magasins des Chantiers de la Jeunesse stationnés sur ou à proximité du massif.

L’armement de la Résistance reste le problème majeur ; en effet, la récupération d’armes cachées chez des particuliers ou prises à l’ennemi est insuffisante tant en quantité qu’en puissance de feu.

Cependant, pour armer tous les volontaires, notamment à partir de juin 1944, le recours aux parachutages demandés avec insistance à Londres et à Alger a été indispensable.

Des hommes formés par les services secrets arrivent au Vercors. Leur chef est R. Bennes (Bob) ; l’équipe comprend les manipulateurs télégraphistes, les codeurs et décodeurs des messages envoyés ou reçus.

Sans un bon équipement en postes radio rien ne peut être obtenu. La mise en place d’une liaison nécessite de posséder les quartz de fréquences adaptés à l’émission et à la réception des messages. De plus, les destinataires à Londres et à Alger sont individualisés ; ils appartiennent au Bureau Central de Renseignement et d’Action (BCRA).

Le travail de manipulateur télégraphiste est dangereux du fait de la capacité technique qu’ont les Allemands pour localiser le lieu de l’émission par radiogoniométrie.

Auteur(s): Guy Giraud et Julien Guillon

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Le Camouflage du matériel (CDM) haut ▲

Le 22 juin 1940, l’armistice est signé avec l’Allemagne, le 25 avec l’Italie. La convention d’armistice, élaborée au début du mois de juillet, stipule :

« Les armes, munitions et matériels de guerre de toutes espèces restant en territoire non occupé, dans la mesure où ceux-ci n’auraient pas été laissés à la disposition du gouvernement français pour l’armement des unités autorisées, devront être entreposés ou mis en sécurité sous contrôle allemand ou italien ».

Une des premières formes de la Résistance française, initiée par des officiers, sous le vocable de « Conservation du Matériel » puis « Camouflage du Matériel » consiste à détourner clandestinement du matériel de guerre avec l’ambition de préparer la « revanche » suite à la défaite de juin. À cette fin, elle contourne, autant que possible, les opérations de contrôle de l’occupant et ses commissions d'armistice. Le général Louis Colson, secrétaire d’État à la guerre de Vichy, joue le double jeu entre l’occupant et cette forme originale de Résistance. Le commandant Émile Mollard, de l’état-major de l’armée, de son côté, en est la cheville ouvrière au plan national et il dispose de représentants sur l’ensemble du territoire. À Grenoble, le chef d'escadron Henri Delaye, qui commande le parc régional d'artillerie, entreprend une véritable entreprise de dissimulation d'armes et de munitions dans le pourtour de l'agglomération. Le Vercors ne fut que peu concerné, même si six tonnes de dynamite furent entreposées dans une carrière du col de La Croix-Perrin.

Suite aux menaces italiennes, et surtout allemandes, de nombreuses caches seront révélées par peur de représailles ou par collaboration avec l’ennemi. La récupération des armes dissimulées exposera davantage les résistants. En voulant récupérer deux camions du CDM cachés à Mens, le capitaine André Virel engage alors une opération mal conçue qui conduit à la décapitation par les Italiens du premier comité de combat du massif (autour notamment d'Aimé Pupin, de Remi Bayle de Jessé) en 1943.

Auteur(s) : Guy Giraud et Julien Guillon

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La résistance en Vercors s’est progressivement organisée en zone libre dès la signature de l’armistice le 20 juin 1940 avec l’Allemagne et le 24 juin avec l’Italie.

Pendant que des personnalités de Grenoble et de Villard-de-Lans, résistants et clandestins de la première heure, s’interrogent sur le « Que faire ? », Dalloz imagine une mission d’ordre stratégique pour le massif, c’est le Projet Montagnards et son annexe d’Alain Le Ray, précisant les modalités militaires d’exécution du projet en liaison avec un débarquement allié en Provence. Cette note prévoit l'intervention de 7 500 parachutistes alliés accueillis et orientés par 450 résistants « locaux ». Alain Le Ray estime que, pour les armer, 795 fusils mitrailleurs (FM), 795 mitraillettes, 6 350 pistolets et/ou mousquetons, 5 canons antichars et 15 mortiers sont nécessaires.

Dans le même temps, une organisation secrète militaire, le Camouflage du Matériel (CDM) tente de se soustraire aux inspections des commissions d’armistice de l’armement, notamment dans les environs de Grenoble grâce à Henry Delaye, chef d'escadron, qui commande le parc régional d'artillerie. En 1943, le Vercors dispose de 2,5 tonnes de dynamite.

Le 10 mai 1940, puis le 5 mars 1942, l’occupant interdit la détention d’armes sur l’ensemble du territoire.

Dès 1942, l’occupant instaure la Relève : cette loi prévoit l’envoi de trois techniciens français en Allemagne en échange de la libération d’un prisonnier français. Face à l’échec de la Relève, l’Allemagne impose, le 16 février 1943, le Service du Travail Obligatoire (STO) pour les classes de 1940, 1941 et 1942.

Les jeunes réfractaires au STO sont contraints de chercher refuge dans les zones montagneuses, dont le Vercors. Des camps sont organisés, les réfractaires, qui ne sont pas encore des combattants, sont soutenus, équipés et nourris par la population. La gouvernance naissante du massif désigne des chefs de camps, organise l’effectif des camps par trentaine, diffuse des ordres pour une militarisation progressive de l’organisation civile qui devient peu à peu civilo-militaire. Les premières armes sont de simples « bâtons ». Parfois un habitant du massif, ancien de la Guerre de 1914/1918, amène spontanément son arme et les « vieilles pétoires » sortent des greniers, ce qui constitue, dans les débuts, un armement très sommaire, loin des plans d'A. Le Ray. Dès lors se pose la question de la dotation en armes de ces jeunes gens qui deviennent des combattants pour libérer le massif avec en toile de fond le Projet Montagnards de Dalloz.

L’armement disparate de récupération est notoirement insuffisant en qualité et en puissance de feu. L’appel à l’aide auprès des alliés est urgent. L’organisation de parachutages nécessite la mise en œuvre de techniques compliquées. L’arrivée de Robert Bennes et de son équipe d’opérateurs-radio, reliés à Londres et Alger, règle en partie l’équipement des combattants en armes de petits calibres. Les unités manqueront cependant d’armes lourdes, en dépit des demandes réitérées de la gouvernance du Vercors, notamment lors des combats de Vassieux-en-Vercors. Le 14 juillet 1944, quelques semaines après l'ordre de mobilisation sur le terrain, environ 1 200 containers remplis d'armes légères et d’équipements divers étaient parachutés. La violence des combats engagés face à une armée régulière eut raison des carences en armes lourdes, malgré les canons de « 25 » récupérés au camp militaire des Chambarands en juin 1944.

Auteur(s) : Guy Giraud et Julien Guillon

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Le développement de la gouvernance du Vercors, dépassant les vicissitudes des arrestations, s’est appuyé sur trois constantes : l’unité physique du massif, l’omniprésence du mouvement Franc-Tireur et le Projet Montagnards.          

L’armement et l’équipement des maquisards est un problème récurrent. Les armes de récupération sont un palliatif insuffisant pour entreprendre des actions militaires. Des appels sont lancés aux Alliés et à la France combattante (Alger et Londres) pour obtenir des parachutages d’armes et d’équipements.

Des agents secrets sont parachutés pour organiser ces délicates opérations aériennes. Il s’agit de trouver des terrains de parachutage répondant à des normes techniques précises, d’en définir les coordonnées sur les cartes de l’époque, de leur donner des noms de code, de baptiser chaque largage par un message conventionnel, qui sera diffusé par la BBC, et d’en assurer le ramassage et le camouflage.                                                                                                              
Pour le Vercors, le chef de la Section des Atterrissages et des Parachutages (SAP), appellation qui a succédé au Service des Opérations Aériennes et Maritimes (SOAM), puis au Centre d’Opérations de Parachutage et d’Atterrissage (COPA) est Robert Bennes (Bob). Installé à La Britière (commune de Saint-Agnan-en-Vercors), il dispose d’équipes de radiotélégraphistes parachutés avec les postes radio. Robert Bennes appartient au SOE (Special Operations Executive).

D’autres missions sont parachutées au Vercors, dans le but d’instruire des maquisards au maniement des armes : c'est notamment le cas des missions Union, Chloroform des Jedburgh,  Eucalyptus et de l’Operational Group (OG) Justine.

La mission Paquebot, commandée par le capitaine Jean Tournissa (Paquebot), est plus spécifiquement chargée de l’aménagement d’un terrain d’atterrissage à Vassieux-en-Vercors.

Auteur(s) : Guy Giraud et Julien Guillon

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La doctrine de l’état-major allié est claire : les maquis n’ont pas besoin d’armes lourdes. En fait, il ne souhaite pas surarmer la Résistance française pour éviter la mainmise des communistes sur la gouvernance de la France après la Libération. Par ailleurs, Winston Churchill préconise, dans un premier temps, de concentrer l’effort sur l’armement des maquis de la Yougoslavie et de la Grèce en prévision d’un éventuel débarquement dans cette région, l'idée étant d'atteindre au plus vite Vienne, et ainsi, couper la route à l’armée soviétique. Il ne sera pas suivi par Eisenhower, qui imposera l’option du débarquement en Provence après celui de la Normandie. Les maquis bénéficieront dès lors d’un considérable renfort en armement au premier semestre de 1944 (opération «Cadillac»).

Les parachutages sont conçus selon des règles et des normes fixées par le commandement allié, britannique notamment. Il ne sera pas fait d’exception pour le Vercors. Les opérations commencent par le repérage du terrain qui doit être de préférence rectangulaire, se trouver dans un lieu discret, si possible à proximité d'un bois qui pourra cacher le comité de réception. Le terrain doit ensuite être homologué, ce qui consiste à le faire répertorier par les services alliés, à lui attribuer un code et une phrase conventionnelle utilisée pour annoncer le parachutage.

Dans les premiers temps, l'ensemble de la procédure d'homologation est centralisée par les services anglais. Après l'accroissement des opérations, les décisions sont plus déconcentrées. C'est notamment le cas pour définir les phrases conventionnelles. Les terrains ont des caractéristiques particulières selon leurs qualités de réception au sol ou leur environnement : Homo pour l’accueil des hommes, Arma pour la réception de matériels, Homo et Arma pour les zones mixtes, comme par exemple Vassieux. Seuls ceux-ci sont activés en permanence. Le contenu des containers est normalisé en fonction de leur destination: explosifs et accessoires, armement, mines, matériel de santé, nourriture, habillement, argent (parfois) ; beaucoup sont détériorés lors de l’atterrissage sur des sols durs.

Auteur(s) : Guy Giraud