Les lieux de mémoire du Vercors résistant

Selon Pierre Nora, « Un lieu de mémoire dans tous les sens du mot va de l'objet le plus matériel et concret, éventuellement géographiquement situé, à l'objet le plus abstrait et intellectuellement construit ». [1] 

Gérard Wajcman note qu’« avoir eu lieu, c’est avoir un lieu  ». [2]

Auteur(s): Julien Guillon et Guy Giraud
Source(s):

[1] Collectif (sous la direction de Pierre Nora), Les lieux de mémoire, Paris, Gallimard, 1997.

[2] Gérard Wajcman, L’objet du siècle, Paris, Verdier, 1998.

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Typologie, acteurs et répartition spatiale haut ▲

Les définitions de Pierre Nora et de Gérard Wajcman ont servi de cadre d’étude au Groupe Vercors Résistant (GVR) car elles s’appliquent au Vercors. Ces lieux présentent une hétérogénéité qui témoigne des mémoires : plaques individuelles ou collectives, stèles, monuments, mémorial, musée et nécropoles. Le massif est ainsi constellé de différents marqueurs, liés, le plus souvent, aux combats qui se sont déroulés à un endroit donné.

Auteur(s) : Julien Guillon et Guy Giraud
Source(s) :

Collectif (sous la direction de Pierre Nora), Les lieux de mémoire, Paris, Gallimard, 1997.

Gérard Wajcman, L’objet du siècle, Paris, Verdier, 1998.

Le Pays des Quatre-Montagnes et les Coulmes haut ▲

Cette entité constitue la partie nord du massif, en Isère. Elle est caractérisée par des synclinaux (vals de Lans-en-Vercors/Villard-de-Lans et d’Autrans-Méaudre-en-Vercors), larges vallées habitées, situées à environ 1 000 mètres d’altitude. En ses marges, les communes de Malleval-en-Vercors, au nord, et de Corrençon-en-Vercors, au sud, marquent les limites. La rivière de la Bourne, quant à elle, délimite le massif du Vercors entre sa partie nord et sa partie sud. Elle est traditionnellement orientée vers Grenoble ou le Bas-Grésivaudan car les accès étaient aisés.
Avant-guerre, une ligne de tramway Grenoble/Villard-de-Lans, assurait les liaisons. Enfin, des navettes étaient assurées par les transports Huillier, notamment en 1940-1944. La dualité du piémont (ville-bourgs - vallées-montagne) marque les lieux de mémoire dessinant des parcours communs de résistance.

Après les attaques allemandes des 13 et 15 juin sur Saint-Nizier, un « no man’s land » s’est établi dans le val de Lans. Le 6e BCA s’est replié sur les contreforts ouest de la Plaine, de la Croix-Perrin à Corrençon, les Allemands ne faisant que des reconnaissances jusqu’à Villard-de-Lans, notamment pour contrôler le corps professoral et les élèves du lycée polonais Cyprian-Norwid.

Le 21 juillet, les Allemands lancent leur assaut sur le Vercors. Un groupement de la 157e DR allemande s’engage à partir de Saint-Nizier en direction du col de la Croix-Perrin pour atteindre le val d’Autrans-Méaudre, malgré la résistance du 6e BCA, commandé par Costa de Beauregard (Durieu). Le groupement poursuit sa progression en direction de Corrençon-en-Vercors et Valchevrière dans le but de rejoindre les parachutistes de la Luftwaffe aéroportés par planeurs à Vassieux-en-Vercors.

Trois périodes résument l’histoire attachée aux lieux de mémoire du secteur des Quatre-Montagnes :

- mars 1944 : un accrochage avec une patrouille allemande se produit à Saint-Nizier-du-Moucherotte,

- juin 1944 : les combats des 13 et 15 juin 1944 sont déclenchés à Saint-Nizier-du-Moucherotte,

- juillet et août 1944 : attaque allemande, suivie du ratissage extensif du massif.

Les monuments aux morts des communes rassemblent les noms des combattants de la Résistance et ceux des grandes guerres du XXe siècle.

Auteur(s) : Guy Giraud

Le Vercors historique haut ▲

Le Vercors historique constitue la partie sud du massif, dans le département de la Drôme. Les communes de Vassieux-en-Vercors, La-Chapelle-en-Vercors, Saint-Agnan-en-Vercors, Saint-Martin-en-Vercors et Saint-Julien-en-Vercors marquent l’occupation humaine.
En piémont, le Diois (Die est une sous-préfecture) entretient des liens étroits avec cette partie du massif. Le col du Rousset, les chemins muletiers assurent de manière ancestrale les liaisons. 

Début juin 1944, la commune de Saint-Martin-en-Vercors connaît deux événements importants :

- l’installation de l’hôpital militaire, avec son annexe à Tourtre ;

- la mise en place du Poste de Commandement de la gouvernance de la Résistance au centre du village. 

Près de Saint-Agnan-en-Vercors, dans le hameau de La Britière, les moyens de communication par radio du Vercors ont été déployés.

Les 21-24 juillet, les Allemands sont à Vassieux-en Vercors : Die est occupée le 21. Le groupe Zabel rejoint Vassieux-en-Vercors par les cols de Rousset et de Vassieux.

Le 22 juillet, ordre est donné de déménager à Die l’hôpital militaire de Saint-Martin-en-Vercors et son annexe de Tourtre. Au constat de l’impossibilité de l’installer dans la ville occupée par les Allemands, le commandement décide de l'abriter dans la Grotte de la Luire.

Le 23 juillet, le verrou de Valchevrière saute. Les Pas de la falaise orientale sont pris. Les Allemands entreprennent alors le ratissage du massif.

Le 25 juillet 1944, la commune de La-Chapelle-en-Vercors est cruellement marquée par l’exécution de 16 habitants par les troupes allemandes.

Le 27 juillet, vers 6 h 30, des soldats allemands font irruption dans la grotte de la Luire, exécutent tous les blessés, et déportent les infirmières présentes.

Auteur(s) : Guy Giraud

Le Royans, la Gervanne et la Vallée de l'Isère haut ▲

Cet ensemble constitue le versant ouest du massif du Vercors. Au nord, Le Royans est une région vallonnée, d’élevage, et caractérisée par la culture de la noix. L’accès au massif est relativement aisé par les routes taillées dans la roche à la fin du XIXe siècle.  

Au sud, la Gervanne est une zone de collines accidentée au pied des plateaux qui bordent le massif du Vercors. Ce « petit pays » est essentiellement tourné vers Crest.

Ces deux ensembles, du nord au sud, sont bordés par la rivière Isère, qui, provenant de la Cluse de Voreppe, se déverse dans le Rhône, à quelques kilomètres de Valence.

Trois événements, de natures différentes, concernent ces espaces :

- la mobilisation du Vercors, le 9 juin 1944 ;

- l’attaque allemande du 21 juillet 1944 sur quatre directions : Saint-Nizier/Villard-de-Lans, les Pas de la falaise orientale, le Vercors drômois et Vassieux-en-Vercors ;

- l’ordre de dispersion donné le 23 juillet 1944 par F. Huet (Hervieux) à tous les combattants du Vercors.

Lors du ratissage du massif par les Allemands, certains de ces combattants, parfois originaires de la Drôme, décident de se disperser pour tenter d’échapper au bouclage ennemi mis en place le long de l’Isère, aux débouchés du massif, individuellement ou par petits groupes. Beaucoup sont capturés et exécutés. Des otages civils sont massacrés.

Ces événements justifient l’érection de nombreux lieux de mémoire, dont certains rappellent la montée au Vercors suite à l’ordre de mobilisation du 9 juin 1944.

Auteur(s) : Julien Guillon et Guy Giraud

Le Diois haut ▲

Le Diois est une région de la vallée de la Drôme située en piémont sud du massif du Vercors qui s'étend des environs de Saillans à l'ouest, jusqu'aux cols de Rousset au nord, et aux cols de Menée, de Grimone, et du col de Cabre sur le flanc est. Le Diois est dominé par la montagne de Glandasse, barrière sud du Vercors. Les accès les plus courants se font à partir de la vallée du Rhône à l'ouest en provenance de Valence et de Crest, dans une moindre mesure par le col de Menée en direction de Grenoble. La jonction entre le massif du Vercors, outre les pas muletiers, s’effectue par le col du Rousset. 

Les emplacements des lieux de mémoires de la zone allant de Die au col de Rousset jusqu’à Vassieux-en-Vercors découlent, d’une part, de l’incursion de la milice du 17 au 24 avril 1944, et d’autre part, des combats qui se sont déroulés à Vassieux du 21 au 24 juillet 1944.

Ces combats sont liés à l’existence du terrain d’atterrissage Taille-crayon aménagé en prévision de l’arrivée de troupes aéroportées alliées. Le bataillon Pons de la Drôme reçoit mission de couvrir le terrain de Crest à Die. Les résistants de Vassieux et ceux qui verrouillent les accès de la zone à partir des cols de Rousset, Font-Payanne, La-Chau et Proncel tenteront de s’opposer à l’occupation de Vassieux par les forces spéciales aéroportées de la Luftwaffe à proximité de Taille-crayon. Du 21 au 25 juillet, les Allemands se livreront à de nombreux massacres de combattants et de civils.

Auteur(s) : Guy Giraud

Du Trièves jusqu'à l'agglomération grenobloise haut ▲

La crête du flanc oriental, longue de cinquante kilomètres, présente plusieurs sommets dépassant les 2 000 mètres d'altitude.

Le Trièves, à l'est, est un bas plateau vallonné, entre les plus hauts sommets du Vercors et les gorges du Drac. C'est la région la plus isolée du reste du massif.

Le secteur qui s’étend des crêtes de la falaise orientale au Drac subit, de novembre 1943 à mai 1944, des raids italiens puis allemands particulièrement bien ciblés.

Dès le 21 juillet 1944, les Allemands attaquent la résistance du Vercors sur quatre directions avec, notamment, comme point de départ : le Drac vers les Pas de la falaise.

Simultanément, ils bouclent le périmètre extérieur du massif pour interdire la fuite de combattants vers la Drôme ou l’Isère.

À l’est, ils surveillent les versants pentus de la falaise qui, des Pas, conduisent au Drac et, au-delà, au Trièves et à l’Oisans.

Au cours de cette lutte inégale, des maquisards, seuls ou en équipes de quelques hommes, sont interceptés et abattus. Des civils sont parfois pris en otages et fusillés ou déportés. Toutefois, des combattants réussissent à franchir les barrages allemands.

Ces événements expliquent le nombre important de lieux de mémoire entre la ligne des falaises et le Drac.

Auteur(s) : Guy Giraud et Julien Guillon