"Juin 1944, Résistance et maquis sous le feu dans les Bouches-du-Rhône"

La « montée au maquis » et les mouvements de population qu’elle suscite peuvent difficilement passer inaperçus des autorités françaises et des Allemands. En dépit de toutes les précautions prises, certains incidents ou accrochages attirent forcément l’attention. De plus, dans les Bouches-du-Rhône, les occupants disposent d’informations essentielles, obtenues à la suite d’une trahison, qui leur permettent de mener une action répressive d’envergure. L’épisode est bien connu depuis la découverte, à la Libération, du rapport dit « Catilina », rédigé par le responsable du SIPO-SD de Marseille, Ernst Dunker-Delage.

Les renseignements ont été donnés aux Allemands par un responsable militaire de la mission interalliée qui leur a, en effet, offert ses services. Devenu l’agent Érick, il les informe sur les plans Rouge et Vert et un débarquement allié en Provence, programmé pour les 7 et 8 juin 1944. Les précisions fournies par Érick permettent aux occupants de frapper à coup sûr. Elles concernent des responsables de la Résistance de la région (à Marseille, Salon-de-Provence et ses environs, La Motte-d’Aigues, dans le Vaucluse), divers points de rassemblement de la Résistance (comme Martigues) et certains maquis de la « zone d’influence » (maquis de la Chaîne des Côtes). Mais tous les sites du département où s’exerce la répression allemande ne figurent pas dans le rapport Catilina. C’est le cas pour le quartier de La Galine à Saint-Rémy et pour les maquis de Jouques, de La Trévaresse, du Ligourès, de Vauvenargues, de Saint-Antonin-sur-Bayon et du Plan-d’Aups (à la limite entre Var et Bouches-du-Rhône).

Les maquis de « la zone d’influence » sont de types divers. Ce qui les rapproche, en dépit de quelques différences de relief (plus ou moins grande altitude, etc.), c’est d’abord l’aridité et l’inhospitalité de ces territoires : il est quasiment impossible pour d’importantes concentrations d’hommes d’y subsister avec des ressources locales. Par ailleurs, les sites des collines ne sont jamais très éloignés des troupes allemandes cantonnées alentour. De ce point de vue, ils n’ont que peu de points communs avec le Mont Mouchet ou le Vercors. Cette proximité n’est pas compensée par le dénivelé. Enfin, on a affaire à des espaces réduits, séparés les uns des autres par la plaine où des routes permettent à l’occupant des déplacements rapides. On a même pu comparer ces sites aux « cases d’un échiquier ». Toutes ces caractéristiques ont des conséquences en matière de stratégie militaire.

Mais, bien qu’il ne faille pas exagérer cet aspect, ce sont, sans doute, les questions d’encadrement qui les différencient le plus. La « montée aux maquis » draine des résistants de tous horizons, mais les commandements des diverses zones ne sont pas identiques : ils sont plus ou moins expérimentés et de sensibilités différentes.

Auteur(s) : Robert Mencherini
Source(s) :

Archives nationales 72 AJ 104, AIII 7 bis, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final (…) Affaire Catilina », Marseille, 6 juillet 1944, signé Dunker, SS Scharführer ;

Sapin (Jacques Lécuyer) et quelques autres, Méfiez-vous du toréador, Toulon, AGPM, 1987 ;

Robert Mencherini, Résistance et Occupation, 1940-1944, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 3, Paris, Syllepse, 2011, p. 541-543.

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