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"Les Juifs installés, réfugiés ou incarcérés dans la Drôme"
L'antisémitisme hitlérien a conduit dans la Drôme de nombreux Juifs qui s'y croyaient à l'abri.
La Sarre, région limitrophe de la Lorraine, confiée à la Société des Nations après la Première Guerre mondiale, est rattachée au IIIe Reich par le plébiscite de 1935 et subit l'application des lois antisémites d'Hitler. Profitant de la possibilité qui leur était laissée pendant un an de quitter la Sarre en emportant leurs biens, beaucoup de Juifs du Land prirent donc la fuite.
C'est ainsi qu'en 1935, une cinquantaine de Juifs sarrois s'installèrent très légalement à Nyons, dans la Drôme. Un sénateur des Basses-Pyrénées qui y avait une demeure et l'ancien sénateur de la Drôme et ancien ministre, le Nyonsais Émile Joseph Lisbonne, auraient contribué à cet accueil de nombreuses familles sarroises.
Entre 1938 et 1941, de nouveaux Juifs rejoignent ces premiers arrivants, à la suite des regroupements familiaux, d'assignations à résidence de certains internés dans les camps français, ou de démobilisation d'engagés dans l'armée française. Le groupe nyonsais – qui approchait alors la centaine, soit environ 2 % des Juifs sarrois émigrés, ce qui est considérable –, était composé de gens jeunes, dynamiques et disposant de ressources qui leur avaient permis d'acheter des fermes aux environs ou des fonds de commerce. D'autres créent des commerces ou des ateliers artisanaux. Accueillis de manière favorable, ils s'intègrent rapidement à la vie nyonsaise malgré l'obstacle de la langue. Les enfants sont scolarisés sans problème grâce à l'ouverture de deux classes supplémentaires au collège. La communauté protestante leur prête un local où ils installent leur synagogue.
D'autres colonies juives se repèrent aussi à Saint-Rambert-d’Albon, au nord de la Drôme. Plusieurs familles juives se replieront du Vaucluse, d’Avignon le plus souvent, sur Buis-les-Baronnies, dans le sud de la Drôme. Mais l'installation de divers camps d’internement et de travail dans le département y conduit de force plusieurs dizaines de Juifs : le camp de Montélimar en héberge, sa dissolution est suivie d'une assignation à résidence dans cette ville. D'autres Juifs étrangers, des hommes jeunes pour la plupart, se retrouvent dans le Groupe de travailleurs étrangers de Crest. Ils constitueront des proies faciles lors des rafles et de la déportation.
Jews Settled, Taking Refuge or Incarcerated in Drôme
Hitlerian antisemitism drove many Jews in Drôme, believing it to be protected. Saarland, adjacent to Lorraine, entrusted to lead the League of Nations after World War I, is linked to the Third Reich by the plebiscite of 1935, and the sudden enforcement of anti-Semitic laws under Hitler. Taking advantage of the opportunity they had left for a year in order to leave Saarland, many Saarland Jews took flight. It is thus that in 1935, about fifty Saarland Jews settled, quite legally, in Nylons, Drôme. A senator from the Lower Pyrenees who had a residence there, former senator of Drôme, and former Nyonsais minister Emile Joseph Lisbonne, have contributed to this welcome to numerous Saar families.
Between 1938 and 1941, new Jews rejoined the first arrivals, following family reunions, residency of some interned in French camps, or demobilization of those in the French army. The Nyonsais group—which was now approaching a hundred, or about 2% of the Saarland Jewish immigrants, which is considerable—was composed of dynamic young people, with resources that allowed them to buy nearby farms or trade funds. Others create businesses or artisanal workshops. Received favorably, they are quickly becoming a part of Nyonsaise life, despite the language barrier. Their children safely attend school through the opening of two additional classes. The Protestant community gives them a place to install their synagogue. Other settlements are also located in Saint-Rambert-d'Albon, north of Drôme. Several Jewish families will withdraw from Vaucluse, mostly from Avignon, and from Buis-les-Baronnies in the south of Drôme. But the installation of various internment camps and working in the county leads dozens of Jews there by force: the dissolution of the housing camp in Montélimar is followed by a residency in that city. Other foreign Jews, mostly young men, find themselves in the Foreign Worker's Group in Crest. They will be easy prey during raids and deportation.
Traduction : Megan Berman
Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort, Valence, Peuple Libre/Notre Temps, 2006.
AN, F1a/3901, Drôme.