"Ravitaillement"

Les pénuries évoquées par ailleurs ont, après la Libération, des conséquences sur la vie quotidienne des Provençaux, en particulier pour leur ravitaillement. Le rationnement, maintenu par l’ordonnance du 9 août 1944 et qui concerne tous les produits de première nécessité, perdure jusqu’en 1950. Plusieurs tentatives pour essayer d’en assouplir les contraintes se heurtent à la réalité des pénuries, comme pour le pain, à la fin de l’année 1945, ou la viande en 1946. Les rations alimentaires légales sont loin d’être suffisantes. Il est donc nécessaire, pour pourvoir aux besoins vitaux, de recourir au marché noir. Les familles qui ne peuvent le faire, en particulier pour des raisons financières, subissent les effets de la dénutrition et de la malnutrition. La consommation alimentaire et ses effets ont été étudiés par l’Institut national d’hygiène (INH, futur INSERM). On constate alors que les conséquences sanitaires sont catastrophiques, en particulier dans les grandes villes du Midi, pour les enfants et les femmes enceintes, et que la mortalité est beaucoup plus forte sur le littoral méditerranéen que dans l’ensemble de la France.
Les nouvelles autorités, le commissariat régional de la République et les comités départementaux de Libération, sont conscients de la gravité de la situation. Mais la prolongation des pénuries et du marché noir entraîne une forte irritation de la population dont témoignent les articles de presse, les interceptions de correspondance et les rapports des renseignements généraux. Les services du Ravitaillement sont mis en cause, et même, comme pendant l’Occupation, les étals vides suscitent des manifestations de « ménagères ». Ces difficultés réactivent parfois des sentiments antisémites et xénophobes. Le mécontentement ne s’apaise vraiment qu’à la fin des années 1940 avec une réelle amélioration des conditions alimentaires.

Auteur(s) : Robert Mencherini

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